Théâtre

Le Roi Arthur – Jean-Philippe Bêche – Théâtre de l’Epée de Bois

Une légende arthurienne tout en énergie

Mettre en scène la légende arthurienne est un réel défi. Parce que la culture populaire en a une représentation, parce que la littérature et les fictions en ont créé de multiples versions. Si l’existence d’Arthur n’est toujours pas attestée, la légende bâtie au cours de l’histoire autour de ce roi défenseur de la Bretagne se renouvelle régulièrement dans l’imaginaire collectif.

La version écrite et mise en scène par Jean- Philippe Bêche présente une légende arthurienne dans un site remarquable qui se prête au voyage dans le temps : le plateau dénudé du Théâtre de l’Epée de bois à la Cartoucherie de Vincennes. Le mur de fond de scène en pierre, les lampes en fer forgé, l’immense plateau cabossé diffusent d’emblée chez le spectateur un dépaysement favorable à la bascule médiévale. La présence de Merlin dès l’entrée du public et la diffusion d’encens dans la salle finit pas plonger totalement le public dans un autre monde.

S’engage ensuite une narration vive et puissante de la légende en 1h45. Avec force et beaucoup d’ardeur les comédiens enchaînent un texte qui s’imprègne d’un ton shakespearien. Si le jeu se veut réaliste, les costumes ne tombent pas dans la caricature, les chevaliers et roi portent des manteaux longs rappelant ceux de la grande guerre et non des costumes d’époque qui alourdiraient le plateau. Le costume de la fée Morgane proche de la Fée des Lilas de Jacques Demy interroge néanmoins.

On suit ainsi au fil du temps la chronologie des événements. L’ensemble est de qualité, certes, mais le jeu en force et parfois en cri, du début à la fin de la pièce, part pris assumé comme une animalité, enlève toute possibilité de nuances à un texte de qualité qui pourtant le permettrait. La magie de Brocéliande en est pour le coup estompée, comme la dimension sensible de la fin’amor entre Guenièvre et Lancelot, bien loin de L’Enchanteur de Barjavel et de sa page blanche.

La très jolie trouvaille reste sans doute l’intervention d’un percussionniste qui scande et rythme la narration. L’utilisation d’un thérémine apporte une dimension mystique et lyrique qui fait écho au jeu théâtral d’un excellent Merlin qui pourrait encore aller plus loin dans la folie. Une version à voir en famille qui redore le blason de la légende.

https://www.epeedebois.com/un-spectacle/le-roi-arthur/ 

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