Art-scène, Danse, Théâtre

L’Autre, Françoise Gillard, Comédie Française

autre

Un spectacle surprenant, énergique et tendre, qui fait danser des acteurs, et réfléchir des spectateurs un peu décontenancés…

« L’autre », c’est la deuxième création chorégraphique de la comédienne Françoise Gillard (sociétaire de la Comédie Française). Nouvelle collaboration avec la chorégraphe Claire Richard, c’est aussi une nouvelle occasion pour ses camarades du « Français » d’abandonner leur langue habituelle (en vers ou en prose) et de s’essayer à cette chose étrange qu’est le langage du corps. Corps projeté, abandonné, maltraité, sauvé, embrassé ou porté. L’autre, c’est peut-être tout simplement le danseur pour le comédien et vice-versa.

Dans cette création, le son et la voix tiennent une place importante: Françoise Gillard a interrogé plusieurs dizaines de personnes qui ont enregistré sur dictaphone leur définition de l’autre: celui qu’on désire ou repousse, qu’on craint, etc. Leurs voix sont reproduites ici, et leurs paroles sont arrangées en une chanson originale composée par le groupe BaliMurphy: L’autre autrement et pourtant.

De ces définitions illustrées par la danse, on peut retenir: « l’autre est celui qui, à la fois, permet et empêche ». Comme si, en société, les êtres étaient d’éternels enfants, qui ont besoin d’être tour à tour encouragés et stoppés dans leur élan. Ou encore: l’autre est différent, il évoque l’étranger, l’exotisme, l’aventure, et une certaine idée de la liberté. Avec l’autre qui ne nous connaît pas encore, on s’affranchit de la contrainte d’être soi, fidèle à soi-même (ou en tout cas, au seul moi qu’on se connaisse). L’autre nous révèle l’étranger en nous: tout ce qu’on ne connaît pas en soi. Et à ce titre, il ouvre une voie vers soi-même.

Le sujet appelle inévitablement à un jeu de miroirs. Une petite estrade inclinée vers la salle, recouverte de miroir devient une scène pour 2 danseuses, dans une pénombre étudiée, qui permet reflets et jeux d’ombres. Deux danseuses jumelles, l’une se découvrant dans l’autre, tandis que des percussions battent l’air crescendo. L’intime et le sauvage communiquent physiquement: la transe n’est pas loin…

La bande-son est éclectique, proposant musique électronique et chanson française, tandis qu’un comédien interprète un morceau enlevé au piano, en live. Sommet du spectacle: un ballet de mains sur une version inouïe du tube des années 80 « Voyage, voyage… »: les acteurs-danseurs signent (en langue des signes) les paroles de la chanson devant des spectateurs médusés et émus.

 

Jusqu’au 22 février 2015

au Théâtre du Vieux Colombier à Paris (Comédie Française)

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