Art-scène, Danse, Non classé

Fraternité, Caroline Guiela Nguyen, Odéon

La seule lecture du générique de la pièce est un voyage. Il a fallu du monde pour la créer, des tas d’énergies pour soutenir cette ambition, la rendre palpable, vivante.

C’est par Doan Bui, autrice de « Le silence de mon père », magnifique récit sur son père mutique, que j’ai entendu parlé de Caroline Guiela Nguyen, artiste associée à L’Odéon.

Quand elle a été programmée à Limoges, j’ai couru au Théâtre de L’Union dont la direction vient d’être prise par une jeune femme, Aurélie Van den Daele, après qu’un tenant du management à la pression ait été démis de ses fonctions.

Et, ça fait du bien de voir au plateau des corps non formatés, des personnes d’origines culturelles multiples. « Fraternité » est une fiction d’anticipation. Dans un centre de soin et de consolation, un groupe de personnes attend le retour de disparus. Rapidement, on comprend que ceux qui sont attendus, ceux à qui on peut adresser des messages d’une minute et trente secondes, ont disparu lors d’une grande éclipse. Une femme de la NASA est là qui vérifie les pulsations cardiaques des émetteurs de messages. Sous l’effet de la peine, leurs pulsations cardiaques ne cessent de baisser, au point de les mettre en danger, et pourtant, ils ne meurent pas. En revanche, leurs souffrances, directement reliées à l’Univers, entrainent une immobilisation de la Terre et des planètes.

Alors qu’ils attendent une éclipse qui, peut-être, ramènera les disparus, l’immobilisation de l’Univers rend cet espoir caduc. Plus rien ne bouge, tout est figé, à l’image de leurs souffrances et leurs souvenirs. 

Vient alors une nouvelle tentative, celle d’effacer les souvenirs des êtres chers pour dissoudre la souffrance et ainsi relancer le mouvement de l’Univers. Cette perspective est l’occasion de voir comment chacun aborde la question du souvenir, la relation à la mémoire, à l’affection, aux liens… Le tout vers un dénouement que je tairai. 

C’est beau, quand bien même la scénographie reconstitue un centre, type centre de quartier avec ses panneaux de liège, ses étoiles en papier brillant et tutti quanti. Ils sont nombreux au plateau, jeunes, vieux, gros, maigres, vietnamiens, africains du nord et du sud, indien, comédiens professionnels ou amateurs. Une représentation de la multitude qui permet de sortir d’une vision purement ethnocentrée et patriarcale.

Vu le 02 Décembre 2021
Au Théâtre de l’Union (Limoges)

http://www.leshommesapproximatifs.com/

Prochaines dates

du 8 au 11 décembre 2021 — Théâtre National Wallonie-Bruxelles
du 6 au 15 janvier 2022 — Célestins – Théâtre de Lyon
du 23 février au 3 mars 2022— Théâtre National de Bretagne – Rennes
du 9 au 11 mars 2022— La Comédie – CDN de Reims
du 17 au 19 mars 2022— Châteauvallon – Scène nationale
du 24 au 26 mars 2022— La Criée – Théâtre national de Marseille
les 9 & 10 avril 2022— Thalia Theater – Hambourg
les 26 & 27 avril 2022— São Luiz Teatro Municipal – Lisbonne
du 11 au 13 mai 2022 — La Rose des Vents – Lille 300 / Le Grand Sud 

Les Hommes approximatifs – Valence
Avec Dan Artus, Saadi Bahri, Boutaïna El Fekkak, Hoonaz Ghojallu, Youssouf Gueye, Maïmouna Keita, Nanii, Elios Noël, Jean-Claude Oudoul, Alix Petris, Saaphyra, Vasanth Selvam, Anh Tran Hghia, Hiep Tran Nghia, Mahia Zrouki
Texte Caroline Guiela Nguyen avec l’ensemble de l’équipe artistique
Mise en scène Caroline Guiela Nguyen
Collaboration artistique Claire Calvi
Scénographie Alice Duchange
Costumes Benjamin Moreau
Lumière Jérémie Papin
Réalisation sonore et musicale Antoine Richard
Vidéo Jérémie Scheidler
Dramaturgie Hugo Soubise, Manon Worms
Musiques originales Teddy Gauliat-Pitois, Antoine Richard


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