Art-scène, Théâtre

Anna Christie, Eugene O’Neill, Atelier

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Port de New York dans les années 20, Anna Christie tangue entre son père et son amant et donne au public  le mal de mer.

Anna Christie c’est l’histoire d’une rencontre entre un père et sa fille, deux êtres qui voudraient bien refaire le passé mais doivent s’en accommoder. A l’aube des retrouvailles, le père se nourrit d’espoir pour sa fille. Il se l’imagine fraiche, saine, vivifiée du bon air de la campagne. La voici qui arrive au port de New York, de rouge vêtue, fatiguée, aigrie des hommes. Elle rêve d’une cure de repos – qu’on peine à se représenter entre les vagues de la mer et l’alcool qui coule à flot-, elle va rencontrer Burke un marin au long cours.

Mélanie Thierry est lumineuse même si son personnage d’Anna Christie est sombre. Tiraillée entre deux hommes habités de l’appel du large, elle s’affirme dans sa liberté et les erreurs de son passé. Elle constate la lâcheté de l’homme capable de profiter des femmes de port en port mais de dénigrer la sienne sitôt qu’il apprend son passé sulfureux.

La langue et l’univers d’Eugene O’Neill sont rudes. Même si derrière l’âpreté de la vie en mer, se cache une certaine tendresse. Entre deux grossièretés et paroles violentes, quelques envolées lyriques apaisent l’oreille : «Dieu m’a fait rouler la terre entière pour me faire te rencontrer», « De t’aimer m’a rendu belle».

Mais dans le brouillard sur le pont du bateau comme dans la fumée dérangeante de cigarette d’une taverne new yorkaise, le plateau tangue. Et le public a hâte de larguer les amarres. Dommage.

 

jusqu’au 26 avril 2015

Théâtre de l’Atelier

 

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