Cinéma

Alice et le maire

Conte moral et verbeux, un peu hors du temps et des modes, ce second film d’un cinéaste ambitieux nous réconcilie presque avec le monde politique.

Qui ne pouvait que plaire à Fabrice Luchini. Là, on retrouve le jeune candide qui a tant plu à Eric Rohmer. Ou le lettré de La Discrète. Ce n’est pas l’acteur cabotin que l’on voit à l’écran mais bien un comédien enthousiaste, qui se plait à jongler avec le verbe et son sens. Car après tout, c’est cela la politique.

Des mots en l’air pour les gens plus blasés. Des idées pour le maire de Lyon, le socialiste Paul Théraneau. Ca ne va plus très bien. Le jeun politique est d’une fadeur insupportable pour lui. Il découvre une petite nouvelle dans son équipe. Alice Heiman, jeune professeur de philosophie, débarque à Lyon pour un poste un peu choisi au dépourvu. Elle voulait retrouver un peu son entourage. Elle rencontre un homme qui voudrait de nouveau jongler avec des idées.

Et le maire va disserter avec cette jeune femme, faussement candide qui découvre le monde cruel et standardisé de la politique. Est ce un danger pour la République. La com’ est plus importante que le contenu. Le constat est amer.

Mais le réalisateur est assez perspicace. Il ne blame pas. Il ne juge pas. Il constate qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond. Les apparences sont trompeuses. Et finalement le politique n’est que le reflet d’une génération quadra paumée. Et de vieux politiciens qui cherchent encore à se surprendre! Est ce que tout ce pouvoir a encore du sens?

L’idéologie. La démocratie. La conviction. Le film, dans les couloirs de la mairie de Lyon, nous promène dans des réflexions mises en scène avec sérieux et un peu d’humour. On est ravi de suivre Anaïs Demoustier au milieu de ce panier de crabes ou cette cour du roi, parfois ridicule, souvent fascinante.

L’état des lieux pourrait nous attrister mais Nicolas Pariser décide de faire une comédie sur les moeurs autour du pouvoir et de tout ce que cela évoque. La dérision n’amène pas ici le cynisme. C’est vivant comme une pièce de théâtre. C’est intelligent puisque le film cherche à nous interroger. C’est brillant parce que les comédiens sont parfaits. Ca fait du bien un peu d’ambition dans la politique fran… euh le cinéma francais!


Avec Anaïs Demoustier, Fabrice Luchini, Léonie Simaga et Alexandre Steiger – Bac film – 2 octobre 2019 – 1h43

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