Cinéma

Misanthrope (To catch a killer), Damián Szifron, Metropolitan FilmExport

Voilà le genre de polar qu’on aime. Pas très poli et âpre. Une fiction qui en dit long sur notre monde et sa folie. Une vraie revanche du thriller au cinéma.
Finalement les enquêteurs finissent par admirer le monstre qui hante la ville. Le film observe effectivement cette haine de soi qui entraîne des choses insensées. Y compris chez nos héros.

Voilà le genre de polar qu’on aime. Pas très poli et âpre. Une fiction qui en dit long sur notre monde et sa folie. Une vraie revanche du thriller au cinéma.

C’est un thriller qui nous met mal à l’aise. Il n’est pas spectaculaire ou sanglant. Non, il nous place dans une situation inconfortable. C’est ce qu’offre le cinéma, à la différence de la télévision : une réflexion ou un reflet de nos ambiguïtés. Pas que du divertissement. C’est exactement le principe de Misanthrope : le tueur du film serait presque sympathique.

Un sniper descend au hasard des personnes qui fêtent le Nouvel An à Baltimore. C’est la panique. Un agent du FBI repère une simple flic un peu plus futée que les autres et décide de lui demander son aide pour capturer l’insaisissable assassin.

On ne peut pas en dire plus, mais le cinéaste argentin Damian Szifron réserve tout un lot de surprises. A commencer par des personnages complexes qui vont vite nous fasciner. Finalement les enquêteurs finissent par admirer le monstre qui hante la ville. Le film observe effectivement cette haine de soi qui entraîne des choses insensées. Y compris chez nos héros.

Szifron retrouve tout le trouble qui faisait le charme des films de serial killers du début des années 90, comme Le Silence des Agneaux. La jeune Shailene Woodley nous rappelle Jodie Foster et on appréciera la partition solide de l’excellent Ben Mendelsohn en mentor jusqu’au-boutiste.

Le bien et le mal s’entremêlent et le réalisateur des Nouveaux Sauvages se permet un jugement sévère sur l’Amérique : le titre est clair sur le discours. Mais le réalisateur a surtout une sécheresse de ton qui finit par devenir une vraie virtuosité narrative. On est littéralement embarqués dans cette course contre la montre.

On pourrait crier au chef-d’œuvre mais hélas tout se casse un peu la figure dans la toute dernière partie, plus convenue et prévisible. Le besoin de tout justifier finit par gâcher un final un peu fade alors que tout le reste relève vraiment d’un possible classique. Misanthrope est un film passionnant qui ne demande qu’à être vu et revu pour y comprendre – bien plus qu’un polar – un point de vue sur l’état de nos sociétés fracturées. Épatant !

Sortie le 26 avril 2023
Avec Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo et Ralph Ineson
Metropolitan FilmExport – 1h 58min

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