Cinéma

L’ile aux chiens

Wes anderson! Des conflits et des problèmes familiaux sous des tonnes d’effets vintage et des vieilles chansons qui flattent les spectateurs, on pourrait résumer son cinéma ainsi mais heureusement, son petit dernier échappe (un peu) aux habitudes.

Car depuis Grand Budapest Hotel (et peut être même son film précédent, Moonrise Kingdom), le bonhomme se la pête un peu moins et semble moins vouloir faire la danse du ventre devant tous les bobos de la planète. Wes Anderson se révèle enfin dans un cinéma personnel, avec toujours des artifices exagérés mais avec un peu plus de conviction.

On pouvait l’accuser d’être un peu lache et non chalant. Ce n’est plus tellement le cas même si le principal défaut de L’île aux Chiens, c’est bel et bien la durée. Le film est trop long et s’attarde souvent sur de menus détails. L’esthétisme est une obsession chez Anderson. Il en oublie parfois de faire avancer son récit.

Qui cette fois ci se sert de la fiction pour observer un peu le Monde actuel. Difficile de ne pas voir dans son aventure canine, une métaphore stylisée de nos petites sociétés qui refusent de voir les maux en face tout en les distribuant à d’autres. Les chiens deviennent donc la plaie d’Egypte de la ville japonaise de Megasaki. Les chiens sont bannis sur une île. C’est là que débarque en avion le fils du maire qui veut retrouver son chien de garde, Spots…

Et le garçon va se retrouver à la tête d’une meute de chiens courageux et bavards. Comme toujours chez Anderson, ca papote avec un grand sens de la dérision et un humour décalé, un peu vieillot qui fait le charme des dialogues, première force du cinéma de Wes Anderson.

Comme Fantastic Mr Fox, c’est un film d’animation à l’ancienne où la technique est en apparence dépassée. Il y a là tous les vieux trucs qui feraient la joie de Willis O’Brien ou Ray Harryhausen, les dieux de l’animation à l’ancienne. L’accumulation des tics visuels permet néanmoins une effervescence visuele quui dépasse rapidement la surprise.

En limitant la technologie, Anderson se sent plus libre et désormais, il raconte un peu son époque. La fable est humaniste, drôle et ripolinée. Elle s’étire un peu inutilement mais le réalisateur semble très heureux de célèbrer la candeur et le regard enfantin.

Comme à son habitude, il étouffe un peu l’émotion et l’interaction entre le spectateur avec les personnages. Il multiplie les idées géniales mais laisse encore une fois les personnages de coté, souvent limités à leur joliesse. Comme d’habitude, on aime bien mais on est coincé par les limites narratives d’un cinéaste iconoclaste mais pas complètement guéri des défauts d’avant…

Avec les voix de Bryan Cranston, Edward Norton, Jeff Goldblum en VO et les voix de Vincent Lindon, Louis Garrel ou Romain Duris – 20th century fox – 11 avril 2018 – 1h41

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