Art-scène, Théâtre

Lignes de faille, Nancy Huston, Catherine Marnas, Rond-Point

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Catherine Marnas met en scène l’immense saga familiale de Nancy Huston mêlant questions identitaires, familiales, historiques et politiques. Un résultat réussi mais qui reste un peu trop conventionnel.

Chaque famille a certainement ses « lignes de failles », ces moments marquants qui unissent ou désunissent, certains partagés d’autres portés comme de lourds secrets pendant des décennies. Dans son œuvre, Nancy Huston a entrepris l’immense exercice de dégager les « lignes de faille » d’une famille, sur quatre génération, en remontant le temps et l’histoire d’un arrière-petit fils à son arrière grand-mère. Focalisée sur quatre membres de la famille magnifiquement interprétés par Julien Duval (l’arrière petit fils), Franck Manzoni (son père en même tant que lui-même fils et petit-fils), Catherine Pietri (sa grand-mère, en même temps que mère et fille) et Martine Thinières (son arrière grand-mère, en même temps que grand-mère, mère et fille).

Catherine Marnas en extrait quatre actes, comme quatre tableaux d’événements à des époques et des lieux très différents mais qui marqueront l’histoire de la famille toute entière. Ainsi, on parcourt à reculons l’histoire du 20ème siècle, de la Californie de Schwarzenegger, à Israël au moment du massacre de Sabra et Chatila, Toronto des années 60, et enfin la Bavière, sous l’Allemagne nazie, quand la personne à l’origine de toute la lignée, Kristina (l’arrière grand-mère), n’était encore qu’une petite fille.

La saga familiale extrêmement fouillée par Nancy Huston est splendidement rendue par Catherine Marnas qui présente, avec la même précision d’orfèvre, la même attention aux détails, la complexité des personnages et des liens qui les unissent, dans toutes leurs parts y compris et surtout celles d’ombre et de mystère. Progressivement on apprend à les connaître, on démêle les origines de leurs fragilités, de leurs questionnements et les explications de leur caractère.

C’est sans aucun doute l’avantage d’avoir fait une pièce aussi longue (elle dure tout de même 4h30), tout peut y être décortiqué, mis en perspective dans son contexte historique. Et on en ressort comme d’un roman qu’on aurait dévoré sans parvenir à s’interrompre, avec une idée bien à soi et incroyablement précise de la personnalité de chacun des personnages, le sentiment de les connaître et d’avoir véritablement traversé les péripéties de leurs existences à leurs côtés.

Seul bémol, alors que les intermèdes musicaux, les changements à vue et plusieurs scènes sont des régals d’originalité et de fantaisie faisant souvent sourire et même rire, on aurait apprécié qu’encore plus d’originalité vienne contrer la longueur et la densité de l’ensemble.

 

Jusqu’au 11 avril 2015

à 19h, au Théâtre du Rond Point

4h30 avec entracte

D’après le roman de Nancy Huston

Mise en scène de Catherine Marnas

Avec, dans les rôles principaux, Martine Thinières, Catherine Pietri, Franck Manzoni et Julien Duval

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