Cinéma

Le règne animal, Thomas Cailley, StudioCanal

Le cinéma de genre à la française est souvent une longue succession de déceptions. L’ambition du Règne Animal fait plaisir à voir mais est-ce bien le film qui nous fera rugir de plaisir ?

Les larmes de crocodiles, le rire de hyènes, les noms d’oiseaux, tout d’abord, on enlève toutes ses expressions avant de s’intéresser au film de Thomas Cailley, responsable de l’excellent Les Combattants, qui date tout de même de 2014.

Depuis tout ce temps, il a mûri ce second essai et cela se voit à l’écran. Il s’agit bien d’un film fantastique français et la première scène tente de faire preuve d’une efficacité nouvelle. On est surpris par l’implication de la mise en scène pour nous faire croire à une épidémie hors du commun.

Après le covid, nous aurons donc le malheur de voir nos contemporains se transformer en animal sauvage. Sans aucune raison. Petit à petit, certaines personnes reviennent à l’état de nature et mutent en créatures fascinantes ou inquiétantes.

La fable, voilà peut-être ce qui sauve le film de la malédiction du film de genre franchouillard. Thomas Cailley fait preuve d’une grande maîtrise et ne semble pas faire cela par cynisme. Il croit à son histoire et tente tout pour faire croire à cette fantasmagorie. Les effets spéciaux sont astucieux et soignés. Les comédiens sont habités. Les rebondissements sont convaincants.

Cailley est d’une grande générosité et veut nourrir le spectateur mais, hélas, il s’éloigne parfois de son sujet initial. Il s’éparpille en réflexions. Elles sont souvent intéressantes mais nous perdent dans une narration un peu confuse.

Heureusement, son observation de la paternité est d’une grande sensibilité et nous permet de redécouvrir un Romain Duris subtil. Il incarne un père qui tente désespérément de retrouver sa femme mutante dans une forêt du sud, aidé par son fils plus intéressé par les filles et les fêtes.

Thomas Cailley, au lieu d’imiter le style américain, assume totalement son étude psychologique et la mélange avec des idées de cinéma plaisantes que l’on ne trouve plus dans un cinéma très standardisé. C’est effectivement une sorte de cinéma mutant mais tellement vivant.

Au cinéma le 04 octobre 2023
Avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos et Tom Mercier
2h08 – StudioCanal

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