Cinéma

Le Labyrinthe du silence

Film préféré de 2015! Non ce n’est pas une allégorie sur le jury de Cannes quelques heures avant la remise de la Palme d’or, c’est le titre d’un film émouvant et élégant. Le devoir de mémoire peut se conjuguer avec une vraie envie de cinéma!

Avec ses décors tout frais et clinquants, ses détails qui donneraient le tournis aux habitués du « salon du vintage », son héros blond et innocent, Le Labyrinthe du Silence ferait presque peur et dans les premières minutes, on a le droit de frémir. Puis ensuite on sera tout simplement effrayer.

Car ce devoir d’histoire nous amène avec une simplicité déconcertante à nous poser des questions sur notre tolérance à la barbarie. Le réalisateur Giulio Ricciarelli tend un piège passionnant aux spectateurs. Un peu comme à l’époque de JF d’Oliver Stone, il nous fait croire que la reconstitution historique va nous protéger de toute implication sentimentale. Il tire sur la corde dans les premières minutes puis c’est le vertige de la réalité qui nous éclate à la figure!

En RDA, on ne savait que peu de choses des meurtres odieux commis par les Nazis. Un jeune procureur Johann Radmann fait donc une terrible découverte. De nombreux officiers nazis vivent tranquillement sans que la justice ne s’intéresse à eux. Aidé par un journaliste, il va peu à peu faire la lumière sur le camp d’Auschwitz.

Les SS sont partout. Ils ressemblent à monsieur tout le monde. Mais le réalisateur libère au fil des minutes la parole, les témoignages, l’émotion. La reconstitution se fait oublier. On ne voit plus que du vrai cinéma où l’image est au service du sentiment. Le jeune héros porte la mémoire mais aussi les angoisses de toute une génération. S’il respecte un vrai classicisme, le film est d’une beauté formelle discrète mais suggestive.

Larmoyant, le film n’est pas sentimentaliste (c’est une oeuvre allemande tout de même). Formellement l’académisme et le Scope (youhou, c’est la fête) proposent tout de même une vision de vrai cinoche, populaire et fort. L’air de rien, le film vous retourne, vous questionne, vous cherche des poux dans la tête. Une véritable et rare réussite!

Avec Alexander Fehling, Andre Symanski, Friederike Becht et Hansi Jochmann – Sophie Dullac distribution – 29 avril 2015 – 2h03

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