Rétro 2015! Spécialiste d’un cinéma en état d’ébriété, le Coréen Sang-soo Hong nous offre une bonne rasade de sentiments. Ca fait du bien !
Il fait le même film depuis des années. Il raconte des histoires d’amour qui finissent mal. Sang-soo Hong observe ses contemporains avec beaucoup de tendresse et une petite pincée de cruauté. Son cinéma se fait sur quelques émotions. Il les décrit avec un minimalisme qui n’aurait pas déplu à Eric Rhomer.
Pour son nouveau et court film, il s’installe dans une maison d’hôtes où s’installe, Mori, un Japonais un peu paumé. Il attend la femme qu’il a toujours aimée. Elle est partie. Il ne sait pas quand elle revient. Il fait donc des rencontres durant son séjour.
Le neveu de la propriétaire avec qui il prend des cuites. Une serveuse dont il tombe un peu amoureux. Des nouveaux arrivants qui resteront mystérieux. Il a tout noté. La femme qu’il attend se perd dans ces lectures !
Parce que les lettres sont dans le désordre, la chronique amoureuse est déstructurée. Le cinéaste propose donc un petit jeu de construction. C’est simple et très élégant. Il est doux avec son Japonais, perdu à Séoul.
Il brise les barrières du langage avec quelques verres d’alcool. Une habitude chez le réalisateur : la liberté qu’offre une bonne biture. Dans tous ses films, les frustrations ou les joies explosent après un bon repas bien arrosée.
Cette générosité est rassurante et rend ses films, doux et tendres avec des personnages qui en ont souvent gros sur le cœur. Hill of Freedom est reposant et exaltant en même temps. Les petits détails en disent longs sur des personnages qui ont eux-mêmes du mal à s’entendre et se comprendre.
C’est un labyrinthe des passions, prude et délicat. On devine au fil des lettres le cheminement amoureux de Mori, son aventure paresseuse (il dort beaucoup) et en même temps passionnante. Comme toujours, l’économie de moyens déconcerte d’abord avant de nous séduire totalement. Comme le titre l’indique : Hill of Freedom donne à voir le sentiment de liberté.
Avec Ryo Kase, Sori Moon, Young-hwa Seo et Eui Sung Kim – Les acacias – 8 juillet 2015 – 1h06