Art-scène, Théâtre

La loi du marcheur, Carreau du Temple

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Janvier 1992. Quelques mois avant sa mort, Serge Daney s’entretient avec Régis Debray sur son itinéraire de critique de cinéma. Rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, journaliste à Libération, fondateur de la revue Trafic, témoin de son temps, Serge Daney (4 juin 1944 – 12 juin 1992) raconte ses expériences : son enfance, ses voyages, l’amour du cinéma américain, la Nouvelle Vague, l’irruption de la télévision et des médias. Car ce sont les images qui ont forgé son regard et son discours tel un « passeur » de notre temps. Le spectacle créé par Nicolas Bouchaud et Éric Didry, est issu de la transcription exacte de ces entretiens.

Seul en scène, Nicolas Bouchaud est dos à un carré blanc. Écran ? Feuille blanche ? Face au public, il est le réceptacle de ces expériences, celles de Serge Daney. Il témoigne de ce que « voir des films » lui a offert du monde. Le carré blanc s’anime, retranscrit des mots, des thèmes évoqués par le critique, projette une séquence de Rio Bravo d’Howard Hawks, qui sera jouée, doublée, « vécue » par le comédien. La transmission des images, des émotions, de l’expérience passe par ce dispositif scénographique, à la fois résurgence du passé et regard poétique sur le monde actuel. Il interroge aussi notre propre rôle de spectateur : lequel sommes-nous ? Quel spectateur souhaitons-nous être ? Quelle expérience partagée ? Qu’acceptons-nous de recevoir de l’autre, du monde par extension ? C’est à notre propre rapport à l’art, à la culture, au monde en général qu’il nous renvoie. Cette figure du spectateur, du « passeur » est la question centrale du spectacle. Nicolas Bouchaud transmet le discours de Daney, il incarne véritablement « cet homme-spectateur » par le prisme de « l’homme-acteur ». Le spectateur devient alors « acteur », lui aussi, participant à ce dispositif. Il est interrogé, amené à réfléchir sur sa cinéphilie, sa propre expérience en tant que spectateur.

Pari réussi grâce au jeu de Nicolas Bouchaud et à la mise en scène interactive d’Eric Didry placée sous le signe de la communicabilité. La loi du marcheur restitue fidèlement la pensée visionnaire, la morale cinématographique de Serge Daney demeurant très actuelle.

 

 

 

Jusqu’au 18 avril 2015

LA LOI DU MARCHEUR

D’après Itinéraire d’un ciné-fils, un entretien de Régis Debray avec Serge Daney

Carreau du Temple

Itinéraire d’un ciné-fils

 

La Loi du Marcheur – Théâtre du Rond-Point from Le Carreau du Temple on Vimeo.

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