Autobiographie, Littérature étrangère, Livres

Jesmyn Ward, Les moissons funèbres, 10/18

« La plupart des hommes que je connais pensent que leur vie, qu’ils soient dealers ou rangé des voitures, vaut la peine d’être couchée par écrit. A l’époque, je me contente de rire. Aujourd’hui, en écrivant ce livre, je vois bien qu’il y avait quelque chose de vrai dans cette assertion. » (page 86)

Jesmyn Ward se livre à un récit autobiographique plein de langueur et de nostalgie. Elle raconte son enfance dans le Mississippi des années 90 (elle est née en 1977) et l’on pourrait avoir la fausse impression qu’il ne se passe pas grand chose dans ce livre aux chapitres écrits comme des nouvelles.

Pourtant, à travers sa propre histoire et celles de cinq de ses proches morts en à peine quatre ans, l’autrice décrit « la dure réalité qui attend les jeunes Noirs dans le Sud – chômage endémique, pauvreté et drogues diverses pour faire passer le tout. » (page196).

Avec son écriture humble et claire, Jesmyn Ward aborde des thèmes lourds et fondamentaux. Elle parle de racisme endémique, de pauvreté, de violence, de l’emprise de la drogue, du traumatisme de l’esclavage (dont les répercussions sont toujours visibles sur les familles) ou encore de l’inégalité entre les hommes et les femmes.

Les jeunes s’ennuient, il glandent et s’évadent comme ils peuvent grâce à l’alcool et la drogue. Mais c’est bien plus qu’une langueur adolescente. On est frappé par l’absence totale de perspective de ces jeunes dont on peine à croire qu’ils vivent dans la première économie mondiale.

« Toute la communauté souffre d’un déficit de confiance: nous ne pensons pas la société capable de nous offrir un minimum d’éducation, de sécurité, d’emplois décents et de justice. Et ce manque de confiance en la société qui nous entoure, en la culture dans laquelle nous baignons et qui nous rappelle sans cesse notre infériorité, nous amène à nous méfier de tout le monde. » (page 193)

Un petit livre profond.

Parution en poche le 07 février 2019
chez 10/18 collection Littérature étrangère
Éditions Globe
288 pages | 8,30€
Traduction (anglais USA): Frédérique Pressmann

Previous ArticleNext Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

? * Le temps imparti est dépassé. Merci de saisir de nouveau le CAPTCHA.