Art-scène, Théâtre

Deux amis – P. RAMBERT – C. BERLING – S. NORDEY – Théâtre du Rond-Point

Stan et Charles, Charles et Stan, au nom de l’amour, du théâtre et de l’intime.

Les voilà tous les deux en scène sur le grand plateau du Rond-Point avec en fond de scène une barre de décors et accessoires sur étagère. Un plateau blanc et deux hommes, comédiens. Deux comédiens pour dialoguer de théâtre, de mise en scène et de ce qu’une relation intime, faite de mots et d’amour, peut produire de plus paradoxal, de plus intense et de plus beau.

Lui, Stan, Stanislas Nordey, circule avec énergie sur le plateau, costume cravate noire, déambule, scande et clame un texte dédié à l’amour du jeu, de la mise en scène, d’Antoine Vitez, de Molière. Le corps est filiforme, le visage blanc, creusé, la foulée parfois désarticulée. Un phrasé Stan. Direct. L’autre, Charles, Charles Berling, se laisse regarder par Stan, aimé, costume cravate bleu, déambule avec sa présence à l’Autre et répond, questionne Stan, l’aime. Un phrasé élégant qui ralentit et reprend la main sur le temps de l’action. Un phrasé Berling.  Il est alors question de remonter les 4 Molières comme l’avait fait en son temps Vitez. Un prétexte pour parler d’intensité, d’idéal, se jouer du texte, de son sens, de sa musicalité.

Le couple, puisqu’il s’agit de cela, travaille.  Une mise en abîme du théâtre dans le théâtre. Une double mise en abîme quand il s’agit pour ces comédiens de jouer un extrait de Tartuffe. Les tensions s’enchaînent, sur des rythmes variés. Cela produit de petites merveilles : quand Stan se fige et que Charles distend et déroule le texte pour y insérer des mots, un poème d’amour. Défoulant intermède sur un morceau de rock durant lequel le couple explose à coup de barre à mine les décors. Si la première partie est d’une vive intensité et tient en haleine par la qualité du texte les situations, la deuxième partie aux accents de comédie, plus légère, ramène le spectateur à la banalité du réel et de ses désaccords, à partir d’un simple sms déclencheur de jalousie.

L’amour masculin est en jeu. On y voit le couple en proie à son propre désir – audacieuse et poétique scène de sexe en tension – à son propre déchirement, et à sa propre fin quand il s’agit de laver l’Autre, diminué par la maladie, et de l’accompagner jusqu’à la disparition.

Cette pièce qui prend appui sur l’amour du théâtre pour questionner l’amour et la relation à l’autre est magnifiquement servie par le duo Berling/Nordey. Un beau travail théâtral, d’une grande sincérité, qui mérite sans aucun doute d’être vu et entendu.

https://www.theatredurondpoint.fr/

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