Musique, Rock

Black Keys, Radiohead, Lyle Lovett

On le sait en France: les Routiers sont sympas. On ne va pas vous dire que c’est dans les vieux pots que l’on prépare les meilleures recettes. Cependant les artistes qui ont de l’expérience ont désormais une espèce de sagesse musicale qui leur évite le faux pas ou le disque honteux. On attend plus grand chose d’eux mais ils continuent dans leur sillage, souvent loin des modes et des préjugés.

Le nouveau disque des Black Keys ressemble donc à un disque des Black Keys. Le duo américain a creusé son style dans le vintage et cela s’entend à nouveau avec un virulent disque de blues.

Les deux musiciens ne sont pas les crasseux surdoués des débuts. Désormais ils ont le respect de tous et des productions attendues. Dropout Boogie, douzième album, fait une fois virevolter toute la mythologie du rock yankee.

On entend de bonnes chansons. Le rock vient à manquer dans le paysage, donc leurs efforts font forcément plaisir. Mais on est beaucoup moins sensible à leur héroïsme qu’à leurs débuts fracassants.
Néanmoins ils sont toujours aussi sympas à fréquenter.

Même chose avec The Smile, super groupe avec deux membres de Radiohead et le batteur jazzy expérimental, Tom Skinner. Le trio est forcément sympathique. On a bel et bien l’impression de retrouver le célèbre groupe britannique avec des idées baroques pour un rock qui refuse la facilité.

Thom Yorke et Jonny Greenwood reviennent à leurs débuts. Le style est beaucoup moins vaporeux que les derniers épisodes de Radiohead. On est presque dans un genre terre à terre mais téméraire. Yorke a toujours des propos tristounets mais le reste est très vivant.

On pense donc au jeune Radiohead. Une partie du groupe s’offre ainsi une cure de jouvence. La surprise, c’est cette simplicité mais le trio n’a rien oublié de sa complexité dans ses mélodies et ses idées orchestrales. Ce n’est pas du free jazz mais c’est un rock bien barré et évidemment très sympa.

Ce qui est le plus sympa, c’est surtout le retour que l’on n’attendait pas. Ou plus. Les vieux briscards aiment faire des retours pour dire qu’ils sont toujours vivants et récupérer quelques dollars de plus. Mais certains sont vraiment heureux de prolonger leur discographie.

C’est le cas du mystérieux Lyle Lovett. Avec son visage étrange et sa démarche de félin, le crooner fait un retour éclatant. Son nouvel album est une pure merveille d’americana, entre traditions sincères et ironies mordantes.

12th of June est un album rafraîchissant. Il nous fait sourire dès le début par un instrumental enlevé puis le musicien change constamment de costumes avec une aisance délicate et souriante. Il est toujours ce crooner un peu clown triste, totalement protéiforme. En quelques instants, on le devine taper la discut’ avec Nat King Cole et Randy Newman. 

Il raconte sa paternité et d’autres petits tracas avec une délicatesse qui n’existe plus. L’ex mari de Julia Roberts est presque un homme du passé. Mais son message aujourd’hui par sa joliesse et sa droiture devient un moment plus que sympathique… un disque essentiel. Les vieux routiers ont encore du gaz…

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