Cinéma

Superman, James Gunn, DC Comics, Warner Bros.

Le retour de Superman ! Avec son super chien ! Et un super gang ! Et un super réalisateur ! Est ce que ça donne un super film ?

Un blockbuster par semaine. Hollywood sort l’artillerie lourde et les franchises sont de nouveau sur le devant de l’affiche. James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie, est devenu le manitou de DC Comics, concurrent de Marvel et studio qui nous pond des nanars honteux depuis quelques années.

A lui la lourde tache de nous faire oublier Flash ou Justice League. A lui de nous montrer autre chose que des Batman qui font la tronche ou des Wonder Woman paumée dans les années 80. En quelques films, DC Comics a perdu tous ses avantages. En 2025, Superman doit absolument relever ces monuments de la pop culture.

Comme il est l’homme le plus puissant de la planète, ça devrait être facile. Mais méfions nous, à l’heure des réseaux sociaux, l’idéalisme d’un tel super héros pourrait être le piège ultime pour un retour pas si attendu que cela !

Heureusement James Gunn est là. Lui, la contre culture, la geek culture, la pop culture, c’est sa spécialité. Il a commencé chez Troma, boite de prod fauché et culte (les Toxic Avengers c’est eux). Il a scénarisé des choses honteuses comme Scooby Doo. Il a réalisé une série B mythique, Horribilis, qui continue de transpirer dans ses nouveaux projets actuels.

James Gunn aime les spectacles fun et il a prouvé avec Les Gardiens de La Galaxie qu’il était à l’aise sur les gros budgets ambitieux et commerciaux. Le gars ne se perd jamais avec ses ambitions: il adore filmer des histoires avec des héros déréglés et des monstres gluants. Sa version pulp de Suicide Squad est un petit bonheur de plaisirs coupables, servis à la mitraillette.

Loin de Marvel, il semble avoir les mains libres pour remettre Superman au gout du jour. Il y arrive avec une facilité déconcertante. Les cyniques ne devraient pas supporter cette version qui joue à fond la carte de la bande dessinée. La première scène donne le ton avec un chien capé, des robots datés et un Superman qui assume bien la culotte rouge par dessus les collants bleus. Houlà, James Gunn joue avec le feu. Mais il met un rythme tel que l’on accepte très facilement les concepts simples et kitsch de ce super héros, plus américain que tous les conservateurs réunis.

Et il ne faut pas s’étonner que cette version agace Donald Trump ! Superman, c’est un peu Forrest Gump : un type qui avale naïvement tout ce qui fait l’American way of life. Il défend des idées simples mais humanistes. Il traverse les épreuves avec une candeur qui ne peut que rendre fou de jaloux un ignoble capitaliste comme Lex Luthor, version chauve d’Elon Musk.

Oui, Superman, et surtout ce qu’il représente, peut vivre à notre époque. James Gunn a juste une très bonne idée : son film est politique et ne veut jamais chercher une neutralité frileuse. C’est bien un blockbuster qui évoque le monde réel, même s’il y a des Kaiju, un chien qui vole, des super héros un poil ringards et une musique qui bidouille les hymnes grandioses de John Williams.

Il y a des moments assez moches et des propositions qui sont assez limitées en termes de production. Pourtant le film semble être fait de conviction. James Gunn ne recule devant rien pour mettre en avant la mythologie de Superman et se permet de ne pas se cantonner aux modes mais plutôt célébrer un personnage décalé car finalement on lui reproche d’être un étranger, en permanence. Vaillant, il s’obstine à être le dernier boy scout, le ciment d’une idée de la justice et de la droiture. Plus américain que toute la population de Metropolis.

Ce n’est pas forcément subtile mais James Gunn semble avoir compris que ce personnage est avant tout un symbole. Est ce que ça fait un bon film ? Pas sûr. Il y a des longueurs et beaucoup de personnages fatigants. L’humour est parfois forcé. Mais c’est toujours mieux que le sérieux douteux de Zack Snyder, réalisateur précédent de la saga. Ici, c’est la naïveté qui l’emporte. Par les temps qui courent cela fait du bien. Et Gunn réussit à imposer ces visions parfois étranges et poétiques.

Pas un super film, c’est certain. Mais un excellent moment qui confirme tout le bien que l’on pense d’un réalisateur passionné.

Au cinéma le 09 juillet 2025
Avec David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicolas Hoult et Nathan Fillion – Warner Bros – 2h

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