Musique

The Deram anthology (1966-1968) / David BOWIE / (Decca/Polygram – 1997)

The Deram anthology (1966-1968)

 

« Pour moi, un caméléon c’est quelque chose qui se déguise pour ressembler le plus possible à son environnement. J’ai toujours pensé que je faisais exactement l’inverse de cela » (David Bowie, 1993)

Fin 1963. A peine sorti de l’adolescence et d’une formation d’ébéniste, le jeune David Jones commence à composer, chanter et jouer du saxo au sein de différents groupes éphémères comme les King Bees, les Manish Boys, les Lower Third, les Buzz… avec des petits enregistrement et quelques 45t à la clé (je vous dis pas ce que ça vaut aujourd’hui).

Fin 1966 – Deram, filiale de Decca, engage David Bowie et édite dans la foulée un album éponyme de 14 titres ainsi qu’une série de singles. Sans aucun succès. Elle le vire donc dès 1968, (excellente maison, Decca qui avait déjà retoqué les maquettes des Beatles en 1962 !), laissant – entre autre – en plan, inexploitée, une première version du chef d’œuvre Space Oddity, l’incontestable pivot de la carrière commerciale de l’artiste, qui fera le bonheur de Mercury Records quelques mois plus tard (et qui sera utilisé par la BBC comme générique aux premiers pas de l’homme sur la lune !)… Ensuite, c’est une autre histoire, mieux connue, pleine de glam, de génie et de gloire.

Bon, maintenant que vous situez bien les 27 plages qui vous sont ici offertes, on y regarde de plus près ?

Tout d’abord ne vous attendez pas à y retrouver vos repères : le principal intérêt de cette série de chansons très variées, de facture globalement assez classique, distinguée et très orchestrée, est d’y observer les graines en germe de ce qui jaillira en gerbes multicolores dans les années qui suivront. Mélodies, interprétation, idées… on se régale, on est épaté du brio et de la maturité de ce gamin autodidacte, encore un tout petit peu emprunté, mais dont le talent transpire déjà comme une évidence. On repère les prémices du théâtral (Please Mr Gravedigger) ; on sourit à quelques niaiseries (The laughing gnome, assurément son morceau le plus débile, toutes époques confondues, petite voix niaise en prime… qui atteindra pourtant le top 4 en 1973, quand Decca choisira de le ressortir, en pleine vague Ziggy ! Décidément, Decca…) ; on groove (In the heat of the morning) ; on admire les harmonies (Sell me a coat), les arrangements (The gospel according to Tony Day)… et on tombe par terre quand on constate à quel point la poignante version originelle de Space Oddity est forte et magnifique.

Une extraordinaire brassée de titres prophétiques oubliés et pourtant indispensables à ces imbéciles qui ont l’immonde culot de comparer l’homme aux yeux vairons à un caméléon !
Et aux autres aussi, bien sûr !

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