Cinéma

Matrix resurrections

Je me souviens de la sortie de Matrix à la fin du siècle dernier. Quelle inventivité dans la mise en scène et les effets spéciaux (ah, le fameux Bullet time !), et quelle finesse dans le scénario. Une vraie claque. Un film inoubliable.

Malheureusement, les frères Wachowski ont étiré leur idée sur trois épisodes, multipliant les badaboums, les bastons dans tous les sens et les détours scénaristiques, jusqu’à l’indigestion. Personnellement, je me suis arrêté au deuxième volet, et j’aurais très bien pu en rester là. Oui mais voilà, vingt ans plus tard, je me suis laissé gagner par un brin de nostalgie, et séduire par une bande-annonce relativement prometteuse.

Quelle bonne idée de montrer le héros plongé de nouveau dans la Matrice (comme quoi il n’est pas facile de s’échapper du bocal) et doutant de sa santé mentale. Lui qui dans le premier épisode avait dû choisir une pilule pour accéder à la vérité se retrouve désormais gavé de pilules (d’antidépresseur).

Le début du film est relativement convaincant et l’on pouvait espérer que Lara Wachowski (l’un des frères, devenus sœurs entretemps) ait réalisé un film noir avec une bonne dimension psychologique, dans la veine de ce qu’avaient fait Alejandro Gonzalez Inarritu (Birdman), Christophe Nolan (Batman, the Dark Knight) ou encore Todd Phillips (Joker).

Au lieu de cela, le film tourne très vite au labyrinthe scénaristique foireux avec des bagarres toujours plus rapides et donc de moins en moins regardables. Sortant de sa léthargie, Keanu Reeves finit par se souvenir qu’il sait se battre, et se lance dans la bagarre (qui consiste le plus souvent à faire un bouclier avec ses mains, genre Dragon Ball). S’il y a tout-de-même de très belles chorégraphies de combat, notre bon vieux Neo n’arrive malheureusement plus à décoller. Le film non plus d’ailleurs !

Tout cela est agrémenté de références et d’extraits du vieux Matrix, nous donnant l’occasion de constater combien le film a vieilli.

Le pire est atteint lorsque Neo (Keanu Reeves) rejoint la réalité, c’est-à-dire la ville des rebelles. C’est absolument kitch et ringard. Au son d’une musique aux accents militaires, le film se vautre alors dans une esthétique martiale riche en jeunes gens le doigt sur la couture du pantalon et prêts à mourir pour le monde libre, fut-il merdique. Un beau résumé de l’Amérique, en somme. L’on se prend alors à rêver d’une Matrice qui transformerait tout cela en un film meilleur.

Sortie le 22 décembre 20222
Warner Bros

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