Livres

La danse des Obèses

Sophie Audoin-Mamikonian est un écrivain pour la jeunesse qui s’essaie au polar. Mais son polar ressemble davantage à un roman Harlequin. Jugez plutôt.

Le capitaine Philippe Heart est un flic brillant et sexy. C’est aussi un homme meurtri depuis le décès accidentel de son épouse Carla, fille du prince milliardaire Vilius de Sant’Eurabio Valito.

Il déprime chaque soir dans son trois cent mètre carrés et reste incapable de nouer une véritable relation amoureuse. Mais voilà que ce beau garçon tourmenté rencontre Elena, une superbe psychiatre « aux yeux d’un bleu profond », et qu’il en tombe éperdument amoureux.

Précisons qu’Elena travaille avec Ned, un docteur a la cinquantaine séduisante qui est secrètement épris d’elle. J’oubliais : Elena n’est pas tout à fait une fille comme les autres puisque c’est la fille du richissime industriel James Bartók. De plus, Elena a un passé douloureux qui lui fait renoncer aux hommes. Ouvrira-t-elle son cœur au capitaine Heart ?

En parallèle, le policier enquête sur les meurtres de plusieurs personnes obèses. Le tueur, que l’on surnomme l’Obèse Killer, les kidnappe et les fait mourir de faim avant de leur trancher les mains.

Sophie Audouin-Mamikonian invente le roman policier avec serial killer pour dames. Ajoutons : pour dames pressées et peu exigeantes. Car les personnages n’ont aucune épaisseur, le décor (social, géographique) est inexistant et l‘écriture insipide. Reste que l‘on ne s‘ennuie pas et que l’histoire est solidement construite. Ce qui est bien le moindre pour un polar.

Ici, on l’aura compris, le policier se mêle de romance fleur bleue. Quant au serial killer, c’est juste un truc à la mode qui permet de se dire que l’on écrit « des horreurs ». Apparmment, c’est réussi puisque le mari de l’écrivain a trouvé que le livre était « yerk » (cf. remerciements en fin d’ouvrage).

D’autres auteurs français écrivent des romans policiers dans ce genre-là et s’en tirent beaucoup mieux. Ainsi de Jérôme Camut et Nathalie Hug, qui débordent d’imagination et font frémir le lecteur à la façon des grands romanciers populaires de la fin du 19e. Ou de Jean-Christophe Grangé qui, s’il ne bâtit pas des intrigues formidables, possède un style d’écriture particulièrement addictif.

En bref, il s’agit d’un bien mauvais divertissement que l’on termine le rouge au front, un peu honteux d‘avoir ainsi gaspillé son temps.
Pocket – 320 pages

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