Allez on reste sur la thématique des blockbusters de l’été avec trois partitions qui doivent se remuer les méninges pour échapper à un imposant héritage. Et ça ne marche pas à tous les coups.
C’est le cas de la musique de Jurassic World Renaissance, signée par le Français Alexandre Desplat. Le type est talentueux mais très paresseux lorsqu’il faut revisiter des sonorités déjà connues de tous.
Desplat a bien du mal à se démarquer lorsqu’il faut créer un thème. Il est sacrément doué pour l’orchestration mais bon la créativité ce n’est pas forcément son truc. Donc le voilà pour ce nouveau volet en train de refaire la partition de Jurassic Park. De John Williams. Il ne se confronte pas au maître. Il fait une révérence en reprenant l’emphase de la toute première partition de Jurassic Park, la plus emblématique.
Cela dit c’est assez bien fait. Une fois encore, le musicien permet tous les excès avec un vrai sens de l’harmonie. Le rythme est soutenu. Il y a de la tension. Mais aucune idée originale ou percutante. Desplat se raccroche aux notes de John Williams. Il n’innove jamais. C’est bel et bien de la musique de film d’aventures… mais c’est sans surprise.
C’est le discret John Murphy qui réussit à nous surprendre. Lui aussi a un sacré défi à relever : faire la musique du nouveau Superman. Il collabora avec un autre compositeur, David Fleming et prend le parti de piller John Williams et son légendaire générique.
Comme James Gunn avec le personnage, John Murphy semble beaucoup s’amuser avec la mythologie qu’on lui offre. Il joue les notes légendaires de Superman puis brode autour avec une volonté qui n’exclut pas les excès ou même le mauvais goût. Quelques effets synthétiques et de grosses rythmiques sont tout à fait lourdingues.
Mais cela fait écho à un film ludique où James Gunn décide de se marrer franchement et d’y aller avec envie dans l’exagération et la fantaisie quasi enfantine. La musique de Murphy est un patchwork de sons plus ou moins bien emboîtés.
Le style est clairement foutraque mais très plaisant car on devine le plaisir de gosses à qui on a donné un super jouet : la musique de Superman, l’homme d’acier à jamais attaché au thème de John Williams. Les deux sales gosses font tout et n’importe quoi mais c’est à l’image du film : jubilatoire.
Enfin Michael Giacchino se met clairement la pression pour la musique des Quatre Fantastiques. Le compositeur n’a plus rien à prouver en matière de super héros : il a écrit la partition des Indestructibles, Docteur Strange, The Batman et a su imposer son style sur les trois derniers Spider-Man avec une verve quasi adolescente. La culture populaire ne lui fait pas vraiment peur: il a travaillé sur Mission Impossible, Star Trek, La Planète des Singes ou même Star Wars.
Pour les Quatre Fantastiques, il sort l’artillerie lourde. On sent qu’il veut donner du sens à sa musique et offrir des thèmes caractéristiques pour ces super héros kitsch et rétro futuristes. Il s’y emploie avec une énergie surprenante.
Le complice de longue date du fanboy JJ Abrams ne veut pas faire dans la redite et s’oblige à une partition qui, bien entendu, une fois encore, rappelle John Williams. Crescendo, le style s’empare d’un orchestre symphonique et d’un chœur de voix pour trouver la quintessence de la musique de film de super héros.
Si le film est décevant par son rythme, il est sauvé par une production design aux petits oignons et donc ce délire symphonique où Giacchino se lance dans un grand huit mélodique bourré de bonnes idées. Il y a un peu de mélancolie ici ou là. Quelques effets sixties électrisent l’ensemble mais on ressent un tel enthousiasme que l’on ne peut qu’adhérer à la flamboyance forcée du projet.
Il y a une vraie dramaturgie dans la musique. C’est très émotionnel et ça nous emporte. Une fois encore, le musicien rivalise avec John Williams et semble avoir tout compris de la musique de super héros. Dommage que le film ne soit pas à la hauteur de ce talent immense.
Après ces trois écoutes, vous aurez certainement qu’une seule envie. Ce sera de rencontrer des dinosaures, se battre contre Lex Luthor ou sauver la Terre du dévoreur de planètes. Ce sera se replonger dans la discographie de John Williams, jeune retraité de 92 ans mais omniprésent lorsqu’on écoute ses héritiers.


