Art-scène, Spectacle comique

Vieux con – Christophe Alévêque – Philippe Sohier – Théâtre du Rond-Point

Alévêque : la soupape nécessaire pour rire des nouveaux curés de la pensée !

Christophe Alévêque est de retour avec Vieux con, un spectacle dédié à la bien-pensance actuelle, au nouvel ordre moral, hygiéniste qui finirait pas nous faire perdre toute liberté d’expression, de peur de choquer, de blesser, de se faire attaquer, de manquer de respect, d’attraper un virus, un monde devenu totalement anxiogène pour le moindre mortel qui s’aventurerait au-delà de ces nouvelles règles de vie, de langage et de culture.

Alévêque, seul sur le plateau, avec une chaise, une table et de l’eau pour se ressourcer revient ainsi avec férocité et humour sur ce qu’on vit aujourd’hui au regard des quarante dernières années et s’interroge : comment apprendre à mon fils de deux ans à s’emparer du monde d’aujourd’hui si anxyogène et fataliste, pour construire celui de demain ? Comment se projeter et se protéger des alarmistes de tout poil ?

Les sujets s’enchaînent et les nouveaux extrémistes de l’individualisme en prennent pour leur grade, les personnes qui se présentent « en tant que »… féministes, animalistes, hindouiste, etc. en tant qu’écolo, en tant que… ne centrant leur vie en société qu’au milieu de leur seule tribu. Sans la nommer, Alévêque alerte en riant sur l’archipellisation de la France, dénoncée par Fourquet, avec toutes les dérives qu’elle implique en termes de privation de libertés dont celle qui est la plus prisée des Français : la liberté d’expression.

« Qu’est-ce qu’on se fait chier ! » « A-t-on encore le droit de faire n’importe quoi ? »  s’interroge Alévêque en vidéoprojetant un film de jeunesse dans lequel il jouait au Tiercé de Cochons ! Avec humour, il s’attaque ainsi au nouveau révisionnisme de la pensée, à ceux qui militent pour déboulonner les statues d’hommes qui n’auraient pas une vie d’homme linéairement parfaite – y en a-t-il ? – qui ont rebaptisé le Roman d’Agatha Christie Les 10 petits nègres en Ils étaient 10 et sont parvenus à faire retirer le visuel de l’Oncle Ben’s sur les boites de riz, accusées de racisme.

A ceux qui transforment la langue pour la rendre la plus douce possible et finissent par l’aseptiser sans en régler pour autant les problèmes de fond, voire les accroissent en mettant en avant des différences, en les cultivant dans un jeu d’équilibre démocratique dangereux et vain. Un « effet inverse ». Plus on restreint le champ des libertés de parole, grâce à la victimation, plus celui qui ose la prendre ensuite, provoque, parle, est entendu et adulé, quel que soit le contenu du discours. Un verbiage sans fin relayé par Internet au nom d’une compassion généralisée s’amuse Alévêque. De quoi s’inquiéter… Faut-il alors transformer les hommages en « femmages » au nom du principe d’égalité ?

En fin caricaturiste, avec le même esprit, il revient dans un mémorable passage sur le confinement et les changements systématiques de protocoles rendant les gens complètement asservis et dépendants pour certains et délateurs pour d’autres. Ces moments où les chiens ne sont jamais autant sortis en promenade avec leur maitre et où chacun remplissait son caddie de pâtes et de papier toilette… De quoi rire à défaut d’en pleurer.

En libre penseur rempli d’humour noir et provocateur, Christophe Alévêque présente un théâtre social salvateur qui éveille et réveille les consciences face à un empire du bien qui grignote peu à peu les libertés individuelles au nom du conformisme. Pour Alévêque, cette société construit de la castration, « couilles dans le formol » ou pas, un monde de l’autocensure, où tout le monde finit par avoir peur de tout le monde et à ne vivre qu’en repli sur soi.

En parvenant à pointer nos folies individuelles et en cherchant à nous réveiller, avec un texte ciselé frôlant l’absurde, un brin politique, Alévêque produit éclats de rires dans la salle. Des rires, comme des aveux dévoilés qui finissent par lui donner raison… Un sursaut humoristique qui fait du bien. A voir !

https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/vieux-con/

10 MARS – 3 AVRIL 2022

SALLE : RENAUD-BARRAULT
HORAIRES : DU MARDI AU DIMANCHE, 18H30 – RELÂCHE : LES LUNDIS
DURÉE : 1H30

Tournée :

6 AVRIL 2022 NOUZONVILLE (08)
9 AVRIL 2022 VILLEPARISIS (77)
28 AVRIL 2022 SÉRIGNAN (34)
29 ET 30 AVRIL 2022 MARSEILLE (13)
10 MAI 2022 VENDÔME (41)
25 JUIN 2022 HIRSON (02)

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