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Le dernier gardien d’Ellis island

New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d’Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d’Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, officier du Bureau fédéral de l’immigration, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l’épouse aimée trop tôt disparue ; Nella, l’immigrante Sarde porteuse d’un étrange passé ;  Lazzarini, l’anarchiste Italien exfiltré qu’il laissera entrer sur le territoire américain malgré son passé…

« En août 2012, je visitais à New York Ellis Island, aujourd’hui transformée en un musée de l’Immigration, à quelques brasses de la statue de la Liberté. Comment expliquer la fulgurante émotion dont j’ai été saisie dans ce lieu chargé du souvenir de tous les exils ? Comment expliquer l’état second, à la fois vertige et apnée, dans lequel j’ai parcouru ce lieu[…] ? Quelques semaines plus tard, sans que j’aie, à un seul moment, pensé ou même souhaité écrire quoi que ce fût à ce sujet, cette histoire s’imposait. » (P. 165)

Plutôt que « roman fleuve » bruyant et grouillant de millions de destins qui se jouent, se croisent, se font et se défont, Gaëlle Josse a choisi le format « nouvelle ». Trois petites histoires, trois petits destins qui se jouent eux aussi, se croisent, se font et se défont. Trois petites histoires vécues au plus intime par le narrateur, un homme solitaire et sensible, à qui elle prête sa plume délicate.

Il est rarement donné de lire une prose à ce point sensible, émouvante et fluide. Gaëlle Josse a ce talent de savoir exprimer beaucoup avec peu de mots. Beaucoup de sentiments puissants, beaucoup de malheurs terribles, mais aussi beaucoup d’espoirs d’une vie meilleure.

Le dernier gardien d’Ellis Island a la beauté fragile et tragique des femmes et des hommes que l’on y côtoie et dont on se souvient longtemps après les avoir laissés à leur destin.

De Gaëlle Josse

Notabilia – 165 pages

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