Cinéma

Berlinguer, la Grande Ambition, Andrea Segre

Un rendez- vous avec l’Histoire. Il y a donc des hommes qui doivent porter une idée ou une politique à un moment crucial dans la vie d’un peuple ou d’une nation : Enrico Berlinguer fait partie des ces hommes-là !

Il n’a pas beaucoup de charisme. Il est un homme discret qui se cacherait presque. Il aurait du mal à regarder les autres dans les yeux. Son corps est chétif. Et pourtant il est le Secrétaire général du Parti Communiste Italien. Nous sommes dans les années 70 et l’Italie est une cocotte minute politique.

Avec plus d’un million et demi d’adhérents derrière lui, Berlinguer est un homme de pouvoir. Il s’ excuse presque mais l’homme a une volonté incroyable et défend une idée quasi humaniste du communisme. Évidemment, ça ne plait pas à tout le monde lorsque le parti est aux portes du pouvoir.

La violence s’infiltre doucement mais sûrement et les idéaux du politicien se confrontent de plus en plus à la réalité. La lutte finale se révèle plus complexe que prévue. Berlinguer comprend rapidement que ses ennemis sont intimes.

Andrea Segre a une mise en scène très resserrée. A l’image de son personnage central, le film serait presque austère. Il multiplie les scènes de bureau. Et quelques moments dans l’intimité de la famille Berlinguer. Le cinéaste, venu du documentaire, a une idée lumineuse: des images d’archives. Elles sont terriblement vivantes avec ce teint granuleux et délavé. Elles s’opposent à la vie tristounette d’un homme qui se voit dans l’obligation d’installer le communisme dans une Italie surveillée de très près par l’URSS, moins enclin à l’envie de démocratie.

C’est un biopic inhabituel. Le film en a tous les atouts mais le cinéaste se concentre sur la personnalité de Berlinguer, avec une acuité qui ressemble presque à une obsession. Il est de tous les plans. Tout passe par lui : ses étranges regards, les vérités qui lui éclatent à la gueule, ses mains qui réagissent aux informations. Son corps est comme électrisé. Il doit prendre des décisions importantes pour lui et le pays.

Avec pas grand chose, le réalisateur arrive à nous plonger dans le cœur et la tête d’un homme. Le monde autour de lui est sombre et chaotique. Il s’accroche pour être droit dans ses bottes. Et c’est dur. Et passionnant. Berlinguer La Grande Ambition est une œuvre qui suggère. Et cela fait du bien au spectateur. L’aspect didactique est gommé pour un portrait extrêmement touchant sur un homme politique mesuré. Sans cri. Sans être spectaculaire. Sans grandiloquence.

Au cinéma le 08 octobre 2025
2h 02min

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