Cinéma

Une nouvelle Amie

Ca commence mal. On connaît le goût pour le kitsch de François Ozon. Là, le grotesque n’est pas loin lorsqu’il fait jouait des jeunes filles en fleurs par deux trentenaires pas très à l’aise dans des robes à smocks. Heureusement Ozon a cet art très fin de jouer avec la théâtralité et la surenchère sans être dans la vulgarité ou la facilité.

Au contraire on retrouve un peu le François Ozon des débuts, celui qui jouait sur la moindre ambiguïté. Cinématographique, physique, moral ou sexuel. Claire perd donc sa meilleure amie, Laura. Désoeuvrée, elle veut aider David, le mari de cette dernière, meurtri et seul avec une petite fille. Elle découvre alors que le choc de la mort de Laura a une conséquence pour le moins inédite chez David…

Bien entendu, Une nouvelle Amie pose un gros problème au chroniqueur qui ne veut pas gâcher le spectacle et le plaisir. Mais il est bon de dire que Ozon s’amuse de nouveau avec notre regard. On est quelque part entre De Palma et Almodovar. Il sait semer le trouble dans les consciences et poser les bonnes questions.

A une époque où la théorie des genres fait peur aux plus conservateurs, Une nouvelle Amie devrait provoquer quelques émois à quelques personnes un peu trop vertueuses. Le film pourrait être une version trash de Desperate Housewives. Néanmoins, Ozon surtout fait du cinéma et c’est assez rare pour qu’on le fasse remarquer: en France, le cinéma c’est plutôt téléfilm France 3.

Ozon lui profite de ses sujets tortueux pour justement composer des récits à tiroir, où la caméra s’adapte à plusieurs points de vue et donc nous perd dans une drôle de drame. Le petit souci vient de la production: le monde dans lequel évolue les héros de cette histoire étrange et fascinante n’est pas crédible. Le grotesque de quelques scènes ressemble à la superficialité. Entre les maisons qui semblent américaines, les bureaux de la défense et les intérieurs un peu trop tocs, le spectateur est souvent arraché à l’histoire pour les artifices un peu trop visibles.

Heureusement les acteurs font tout pour raconter une histoire d’amitié et plus… Romain Duris est parfait mais sert idéalement Anaïs Demoustier, qui devrait enfin être reconnue par la grand public. Cette jeune femme est incroyable. Pour elle, le film peut être vu. Parce qu’il est aussi irritant qu’admirable, ce film doit être vu.

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1 Comment

  1. Certes, le jeu des acteurs est remarquable, mais après?

    Ozon cherche uniquement à choquer le bourgeois, mais n’a strictement rien d’autre à dire. Ce film – assez moche esthétiquement – dure 1h57, soit 1h27 de longueurs en trop. Une fois que le pot aux roses est dévoilé il ne reste rien.

    Elles se marièrent et eurent beaucoup de navets!

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