Art-scène, Danse

Salves, Maguy MARIN

article_4119Salves, la dernière création de Maguy Marin, toujours radicale et surprenante, a été présentée à l’Arsenal de Metz, séduisant encore une fois ses spectateurs.

 

Le parti pris bien tranchant de Description d’un combat– réflexion autour de l’image figurative et de l’image littéraire – à la fin de la saison 2010, avait divisé le public du Théâtre de la Ville de Paris, partagé entre ceux qui, ennuyés, avaient abandonné la salle, et ceux qui, hypnotisés et envoûtés par la proposition formelle de Maguy Marin, avaient adoré le spectacle.

 

Salves, qui en 2011 avait déjà été montré à Paris, interroge la frontière entre le théâtre et le cinéma, mettant en scène un dispositif de lumières, de sons et de mouvements dans l’espace travaillant inlassablement le hors-champ, l’apparition et la disparation des corps et leur relation avec la parole.

 

Sur les côtés de la scène, des bandes magnétiques se déclenchent alternativement et font entendre des fragments de films américains, italiens, espagnols, tandis que sept danseurs construisent et déconstruisent une narration (symbolisée par le fil presque invisible avec lequel jouent les interprètes au tout début du spectacle) faite de tentatives de préparer une table, de plats cassés qui perturbent l’action, d’enfants qui s’échappent dans la nuit, de mains qui tentent de réparer un vase brisé…

 

Un enchaînement fascinant et poignant d’associations d’images entre les films et les situations représentés sur scène se développe tout au long du spectacle : un jeu figuratif évoquant le surréalisme et travaillant les extrémités des gestes et des séquences dont l’aboutissement n’a jamais lieu. Maguy Marin construit ainsi une tension grandissante, faite de mouvements continuellement interrompus, inachevés et à nouveau répétés avec de légères variantes.

 

La proposition coupe le souffle, enchante et impatiente : on aurait envie de pouvoir arrêter l’action, de revoir le montage de mouvements et de sons, de mieux en saisir la force plastique et les références suggérées. Mais le spectacle avance à un rythme de plus en plus soutenu et la séquence finale apporte un bouleversement peut-être trop conciliant et intelligible…

 

Quoi que l’on puisse penser des dernières minutes du spectacle, Salves reste une création passionnante et fondamentale pour les questions esthétiques qu’elle soulève.

 

www.arsenal-metz.fr

 

www.compagnie-maguy-marin.fr

 

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com – 16/03/2012

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