Art-scène, Danse

PUZ/ZLE, Sidi Larbi CHERKAOUI

article_4610Dans un décor gris, sobre et multiforme, la dernière création de Sidi Larbi Cherkaoui déploie l’énergie de 11 danseurs et de sonorités d’origines plurielles.

 

 

Puz/zle est composé d’une multiplicité de références, symboles et narrations fragmentées. Un réel puzzle d’images investit la scène, fruit notamment des déplacements successifs des éléments scénographiques (des pièces et des structures murales grises se transformant souvent en plateaux, sorte de tours précaires en perpétuelle construction et démolition) effectués par les danseurs, pris dans une agitation où s’alternent l’angoisse et l’espoir.

 

Cette création nous parle du peuple, elle met en scène des humanités de différentes origines par des images abstraites et saisissantes, accompagnées de chants et de musiques corses, libanais et japonais. Les sonorités et les figures chorégraphiques dialoguent entre elles, en travaillant chez le spectateur des évocations historiques ou spirituelles : l’humanité, la vie sont le sujet de Puz/zle, les corps dans leurs désirs et leurs agitations en sont la matière figurative.

 

L’existence humaine représentée acquiert par moment une nuance fortement politique : Puz/zle parle des luttes des peuples, de leurs résistances. D’ailleurs le décor, fait de murs et de pierres (inspiré par la Carrière de Boulbon, lieu utilisé par le Festival d’Avignon, pour lequel ce spectacle a été conçu pour l’édition 2012) peut évoquer par moments le conflit israélo-palestinien et sa réactualisation récente : une correspondance qui accentue la force de cette création, basée sur un travail figuratif complexe et épais, dans lequel corps et décors contribuent à raconter la force spirituelle, le mouvement humain dans son analogie avec la matière naturelle.

 

Violence, apaisement, union et fragmentation, tout participe d’un questionnement sur l’espace et sur l’humanité qui l’habite.

 

La création de Cherkaoui souffre probablement d’une longueur excessive, d’une densité de symboles qui affaiblit la portée évocatrice des images : faiblesses infimes étant donné l’énorme enthousiasme du public messin face à ce spectacle.

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com – 28/11/2012

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