Art-scène, Théâtre

Orestie, une comédie organique, Romeo Castellucci, Odéon

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Un spectacle hors normes, pour les amateurs de sensations fortes.

Romeo Castellucci revient au Théâtre de l’Odéon avec « Orestie, une comédie organique? » d’après Eschyle, 20 ans après sa création. Il est à l’honneur du festival d’Automne, avec 3 spectacles à l’affiche à Paris (« Orestie » à l’Odéon, « Odipus der Tyrann » au Théâtre de la Ville et « Le Metope del Partenone » à la Villette), quasiment un festival. L’occasion de le découvrir ou redécouvrir…

Avant « Orestie », mieux vaut parcourir le livret car le spectacle est essentiellement visuel (mais pas seulement) et fantasmagorique. Petit résumé de l’intrigue:

Première partie: Agamemnon. Nous sommes dans un sous-terrain obscur, une sorte de bunker, on entend des déflagrations à l’extérieur. La Reine Clytemnestre couve une vengeance contre le Roi Agamemnon, son mari, avec l’aide de son amant, Egisthe. Car Agamemnon, sept ans plus tôt, a sacrifié sa fille Iphigénie. Le Roi, de retour victorieux de la guerre de Troie, est assassiné comme prévu par les deux amants. Les prédictions de la prisonnière Cassandre n’y auront rien changé.

Seconde partie: les Choréphores. Dans un paysage lunaire, immaculé (carrière de marbre? Cimetière? Chambre d’hôpital?), Électre invoque son père défunt, le roi Agamemnon, par le sacrifice d’un bouc. Avec son frère Oreste et son ami Pylade, ils projettent et mettent en œuvre le meurtre vengeur de leur mère et de son amant.

Troisième partie: les Euménides. Les figures du passé viennent hanter Oreste. Les anges de la culpabilité, les Erinyes, sont à sa poursuite…

Le théâtre de Roméo Castellucci est un théâtre visuel qui créé des images totalement folles qui saturent le regard. Cet opus sur la tragédie grecque interroge la violence à l’oeuvre dans l’Histoire des hommes: la violence du sacrifice est supplantée par le crime. Aux images obsédantes s’ajoute une musique industrielle, répétitive, le tout faisant effet d’hypnose. Des images nées du tragique, Romeo Castellucci dit : « En soutenir la représentation sera comme ne pas pouvoir détourner son regard de celui de Méduse ».

On peut déplorer des longueurs, en particulier au début de la seconde partie, et trop d’effets sanguinolents, mais les curieux d’images nouvelles et les amateurs d’expériences insolites seront conquis. C’est cauchemardesque et ça se tient. C’est une réalité amplifiée (toutes les voix sont retravaillées, des corps difformes sont exhibés) au pouvoir sidérant.

Un spectacle hors-normes, différent, dérangeant sûrement. Pour les amateurs de sensations fortes et les psychologies un peu barrées.

Jusqu’au 20 décembre
Théâtre de l’Odéon, Paris 6ème.

AVERTISSEMENT du Théâtre de l’Odéon:
« Certaines scènes du spectacle sont de nature à heurter la sensibilité du public:
– des effets spéciaux sonores et visuels sont susceptibles de surprendre les spectateurs,
– des animaux en cage sont présents sur le plateau sous le contrôle de conseillers animaliers.
Ce spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans. »


ORESTIE (une comédie organique?) – Eschyle… par TheatreOdeon

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1 Comment

  1. Très juste.Un spectacle élitiste mais intriguant. J’insisterais tout de même sur la nécessité de bien connaître la tragédie et les différents personnages et intrigues avant d’y aller, sinon c’est à n’y rien comprendre. D’autant plus que le spectacle est joué en italien et qu’il faut déjà lire (et essayer de comprendre!) les surtitres-en français…

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