Cinéma

Microbe et Gasoil

Deux petits gars débrouillards construisent une voiture pour leurs vacances idéales. Et Michel Gondry rend hommage à cet âge fou et passionnant qu’est l’adolescence. Une petite merveille de fraîcheur et le film le plus accompli pour l’auteur du Frelon Vert.

La référence à sa grosse production hollywoodienne permet de voir à quel point la souplesse du réalisateur est impressionnante. Après l’échec relatif de L’écume des Jours, Michel Gondry se renferme sur lui même, et ses souvenirs d’enfance pour en tirer une gentille comédie singulière et très tendre.

Pour une fois, il n’use pas d’effets de style et de bricolages arty. La simplicité est d’abord déroutante puis révèle la sincérité du propos. Avant la mise en scène, c’est bien l’histoire et les deux petits héros qui priment. Très à l’aise avec le style vintage, il parvient à trouver le ton faussement naïf de Pascal Thomas et d’autres auteurs des années 70.

Microbe et Gasoil sont pourtant des héros contemporains. Mais complètement décalés dans notre monde normalisé,surtout vers Versailles la cossue, dans un lycée sans histoire! Microbe, passe son temps à dessiner tandis que Gasoil fabrique de drôles d’engins pour s’amuser!

Les deux adolescents décident de prendre la route avec une voiture inventée par leurs soins. L’un poursuit un amour contrarié. L’autre, une famille sans amour. Leur fantaisie devient un refuge mais aussi un road movie étrange, attachant et réjouissant.

Car Gondry filme l’adolescence sans fantasme et sans angélisme. Cela donne des scènes souvent drôles où le sens du détail du cinéaste fait merveille. Le réalisateur a gardé une âme d’enfant mais ne fait pas dans la nostalgie mal placée.

Il y a une cruauté omniprésente dans son film, sans cesse opposer à l’amitié solide des deux gamins, qui luttent contre un quotidien trop morne, trop triste, avec leurs armes pour le moins surprenantes. Un petit vent de liberté traverse tout le film, conçu avec peu de moyens mais beaucoup d’énergie. Les mômes s’amusent beaucoup, autant que l’auteur, souvent comparé à Peter Pan.

C’est le film idéal des vacances. Il est certain qu’il restera un peu plus longtemps dans nos mémoires. Autant de justesse, avec cette pointe de poésie, ce n’est pas prêt d’être oublié en quelques mois de chaudes températures!

Avec Ange Dargent, Théophile Baquet, Diane Besnier et Audrey Tautou – Studio Canal – 8 juillet 2015 – 1h44

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