Art-scène, Danse

MASCULINES, Héla FATTOUMI et Éric LAMOUREUX

article_4687Dans sa nouvelle création, le couple de chorégraphes Fattoumi et Lamoureux met en scène 7 danseuses jouant des clichés de la féminité et les bouleversant savamment.

 

Sur une scène extrêmement sobre, les danseuses surgissent petit à petit du noir, la lumière joue avec leurs silhouettes, la musique participe activement à la mise en place d’une forte tension scopique. Finalement un tableau vivant apparaît : Le Bain Turc d’Ingres, emblème de l’érotisation du corps féminin. Tout est déjà là et sera travaillé dans ses nuances au cours du spectacle : les différents degrés de visibilité des corps, les rôles sexuels imposés, interprétés de manière souvent très ironique par les danseuses.

 

MASCULINES questionne l’image du corps féminin, ses déguisements et les nuances de nudité qui rendent possible un écart de la norme, une forme de rébellion, la liberté des corps. Les critères de féminité et de masculinité sont travaillés à partir de l’idée de dénudation, d’où l’importance de la combinaison transparente que les danseuses portent au début sous leur costume et le basculement que son enlèvement signifie : la chair des corps surgit ainsi des tableaux mis en scène, la réalité physique de l’image féminine devient le sujet du spectacle.

 

Dans cette création, rien n’est discours ou théorie. Bien évidemment les références aux études de genre sont bien présentes, avec l’idée que la conscience d’être en train de jouer un rôle est le début de la libération des assignations imposées. Mais Fattoumi et Lamoureux transforment ces réflexions en puissance des images signifiantes, grâce à la maîtrise des nuances figuratives de la part des danseuses, mais aussi à un emploi extrêmement éloquent des musiques et des lumières qui soutiennent l’enchaînement des mouvements : de cette manière, la gestualité devient pensée, la suite d’images des corps féminins devient construction signifiante intense et richement lisible par les spectateurs.

 

Pour les messins, la découverte ou redécouverte du travail de Héla Fattoumi et d’Éric Lamoureux s’est poursuivi le dimanche 13 janvier au Centre Pompidou-Metz avec la présentation de MANTA, solo de 2009 autour du niqab et des femmes arabes.

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com – 13/01/2013

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