Cinéma

Map to the stars

Radiographie d’un monde d’ego en crise et qui se rongent mutuellement, Maps to the stars pose un regard cynique, perturbant et parfois drôle sur les névroses de notre monde. Cronenberg est de retour dans les salles avec les thématiques qui lui sont chères pour un film complexe très réussi.

Agatha débarque à Los Angeles pour s’y faire une petite place. Dès son arrivée, elle rencontre Jérôme, chauffeur/acteur/scénariste qui cherche lui aussi une place au soleil. Rapidement, la jeune femme trouve un poste d’assistante auprès d’Havana, actrice-star sur la sellette qui désespère de trouver une occasion de revenir sous les projecteurs. Pour exorciser ses démons, l’actrice est suivie par Stanford, thérapeute aux méthodes musclées dont le fils, Benjie, enfant-star récemment soigné d’une addiction à la drogue, terrorise depuis plusieurs années assistants, réalisateurs et producteurs.
Filmé dans le Los Angeles ensoleillé et reluisant qu’imaginent les touristes en vadrouille (le titre du film se réfère aux cartes vendues aux badauds qui veulent voir les maisons de stars), Maps to the stars est un film noir et envoutant. Ce contraste entre L.A. qui brille et la noirceur des âmes qui s’y télescopent – déjà mis en lumière dans diverses oeuvres – est ici frappant tant les protagonistes de Cronenberg sont dérangés. Autant que la transformation physique qui peut y être liée, la psyché de l’humain a toujours passionné l’auteur. D’ailleurs, il ne cherche pas à décrypter l’usine à rêves californienne mais plutôt à s’en servir comme toile de fond pour étudier la folie humaine et son grotesque à travers des drames familiaux glauques à souhait. Le récit mise tout sur la psychologie des personnages dont les relations nuisibles les amènent à révéler leur nature destructrice. Pour servir cette intention, le film est plutôt lent malgré les rebondissements réguliers.

Les personnages, dont le vice, la pulsion, l’hystérie et la névrose sont, à chaque scène, plus présents et difficilement dissimulables, sont peu nombreux afin de bien se concentrer sur chacun.

Et les performances des acteurs qui les portent sont si intenses et éblouissantes que l’on rentre rapidement dans ce cirque de freaks survoltés. Des personnages qui évoluent presque tout le temps seuls ou à deux, dans des grandes maisons filmées comme trop petites pour leurs égos en mal de reconnaissance.

Avec une mise en scène assez simple mais parfaitement maitrisée, les névroses de certaines des personnalités suivies sont imagées à l’écran sans aucun effet spécial. C’est une première pour le cinéaste qui réussit à créer une ambiance fantastique dans un contexte tout à fait vraisemblable.

La recette du réalisateur fonctionne. La musique d’ambiance parfait l’atmosphère lunaire d’un monde débauché et immoral. Une fois rentré dans ce milieu – le titre évoque aussi un ensemble de chemin pour pénétrer une galaxie lointaine et inconnue – c’est une sorte tragédie grecque moderne mettant en scène des demi-dieux que nous sert Cronenberg, dont l’attrait pour la chair et la mutilation reste vif. Agatha, le personnage principal, a des brulures sur la moitié du corps. Ces cicatrices sont au coeur de l’intrigue.

Le film semble perdre du rythme avant la fin. Une fin qui légitime cette baisse de rythme pour en être un peu plus dérangeante encore. Une fin dont la lenteur et la douceur cinématographique contraste avec la violence du propos.

Maps to the stars est un film brûlant et provocant sans jamais être gratuit.

Avec John Cusack, Julianne Moore, Robert Pattinson et Mia Wasikowska – Le Pacte – 1h51 – 21 mai 2014

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