Cinéma

Love & Mercy

Rétro 2015! Génie discret, Brian Wilson a enfin son biopic. Et en plus c’est une vraie réussite et une belle proposition de cinéma!

Principal compositeur des Beach Boys, Brian Wilson entrera à coup sûr dans l’histoire du rock et de la musique. On a à faire à un authentique génie. On galvaude souvent ce mot mais ce fils battu par son père, sourd d’une oreille, a bel et bien révolutionné le rock avec des harmonies vocales et des idées musicales incroyables.

A l’époque il était le seul à rivaliser avec les Beatles. Le sex appeal, il le laisse à Jim Morrison, l’Iguane poète un peu fumeux. Ce Californien, soutenu par ses frères, est lui aussi haut perché mais obsédé par la pureté de la musique, des alliages complexes entre différents instruments et les mélodies imparables.

Cette recherche obsessionnelle le pousse vers la schizophrénie. L’album Pet Sounds est une réponse au Rubber Soul des Beatles. Le disque sera un gros bide. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des plus grands disques de la pop.

Mais Brian Wilson ne veut pas s’arrêter sur un échec. Il décide d’écrire un nouveau chef d’oeuvre, Smile. Ce sera le début de sa perte qui va durer du milieu des années 60 jusqu’au début des années 80.

Sa vie devient cauchemardesque. Un long tunnel creusé par la drogue et entretenu par un psychiatre tout aussi fou que le chanteur. Sa rencontre avec Melinda, une vendeuse de voiture, va changer son existence.

Le film joue sur les réponses d’une époque à l’autre. John Cusack joue le vieux Brian Wilson enfermé dans ses angoisses. Paul Dano interprète le compositeur inspiré mais marqué par les coups d’un père qui ne se remet jamais en cause.

L’émotivité de Wilson est filmée avec délicatesse par Bill Pohlad, connu comme producteur de Brokeback Mountain, Into the Wild ou 12 Years a Slave. Un habitué donc des visions différentes des standards, un défenseur de l’originalité. Y a de quoi l’inspirer avec le génie abîmé qu’est Brian Wilson. Le constat de sa folie, il la filme sans grand effet et un goût pour le détail qui fait la différence.

L’histoire d’amour entre le malade et la vendeuse de voiture est crédible et sensible. Rarement on aura senti autant de compassion et d’amour dans des scènes de tête à tête fascinantes par leur simplicité. Ce n’est pas simplement une reconstitution des années psychédéliques de la Californie. Le réalisateur se concentre sur la solitude de son héros, incapable de profiter du succès.

On peut regretter un méchant psychiatre, un peu trop grimaçant mais le biopic n’est pas und énième rédemption par la musique (cf Ray, Walk the Line). Mais entre la création et la destruction, entre la grandeur et la décadence, la limite est plus fine qu’on l’imagine. Concentré sur deux périodes du musicien, Bill Pohlad fait comprendre le génie d’un homme malade et marginal. Le film ne donne pas l’impression de glorifier l’artiste, l’excuser. Il montre sa monstruosité et son immense talent. Les contradictions du personnage sont énormes. Mais elles ne servent jamais un film démonstratif. Au contraire on retiendra la douceur. Et quelques mélodies géniales des Beach Boys, trop vite réduits à des gaillards benêts en short!

Avec John Cusack, Paul Dano, Elisabeth Banks et Paul Giamatti – ARP – 1 Juillet 2015 – 2h

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