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Les Vents Contraires

Sixième roman d’Olivier Adam, Des vents contraires confirme le talent d’un auteur sombre mais lucide qui construit une oeuvre sans facilité, reflet de son époque.

Olivier Adam aime les bords de mer. Pas les plages de sable blanc bordées de cocotiers se balançant doucement au souffle chaud des alizés. Non, la mer qu’affectionne Olivier Adam est grise, froide, houleuse et constamment balayée par de forts vents hostiles. Cette météo peu clémente ne semble pourtant pas le déranger plus que les personnages inoubliables de ses romans.

Avant-hier, c’était cet homme qui, au balcon de la chambre d’un hôtel d’Etretat, déroulait sa vie en observant les falaises d’où sa mère s’était jetée vingt ans plus tôt (Falaises – 2004).

Hier, c’était cette femme qui se dépouillait petit à petit de tout ce qu’elle possédait pour aider les “Kosovars”, ces réfugiés dont nul ne se soucie et qui errent, abandonnés, coincés entre Sangatte qui les rejette et la Mer du Nord qui les menace (A l’abri de rien – 2007).

Aujourd’hui, c’est à Saint-Malo que Paul Anderen vient se réfugier avec ses deux enfants pour tenter de commencer une nouvelle vie dans la ville de son enfance. Sa femme a disparu sans plus donner signe de vie depuis un an. Une année où chaque jour était à réinventer et Paul est au bout du rouleau. Ce retour aux sources est sa dernière chance, son seul espoir de se remettre à l’endroit et sa petite famille avec lui.

C’est un livre d’une immense tendresse et d’une grande force romanesque que livre Olivier Adam. Un roman qui, comme les précédents, laisse transparaître une tendresse épidermique débarrassée de toute mièvrerie. Il n’est jamais question de bons sentiments gratuits chez lui. Quand Paul Anderen se bat, c’est d’abord pour ses enfants, pour les aider à avancer, pour les tenir debout quand lui s’abandonnerait volontiers.

La plume et le talent d’Olivier Adam sont assez sûrs pour bâtir des vies entières en quelques phrases, pour ouvrir des abîmes de désarroi en quelques mots, pour annoncer le pire (ou le meilleur) en quelques peintures de ciels chargés ou de mers houleuses.

Entre noire tragédie, tentation du renoncement et vie qui continue malgré tout – avec ses petits mensonges, ses compromissions, mais aussi ses coups de gueule et ses révoltes contre la lâcheté ambiante -, Des vents contraires est de ces romans qui, paradoxalement, rendent un peu meilleur et empêchent de désespérer totalement de l’humanité.

De Olivier Adam – Point – 255 pages

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