Cinéma

Les Nouveaux Sauvages – 2e avis

Ce film à sketches à l’humour féroce, très original, fait un défouloir particulièrement efficace

Un petit détail a fait dérailler le cours de leur vie et ils ont quitté les oripeaux de la civilisation. Ce sont « les nouveaux sauvages », des personnes plus ou moins ordinaires qui, dans certaines situations de stress ou convaincus d’être victimes d’une injustice, perdent le contrôle de leurs pulsions et reviennent à un état sauvage.

Les occasions de décrocher sont variées : six sketches présentent six situations dans lesquelles des individus, hommes ou femmes, cèdent à leurs pulsions les plus bestiales : désir de domination (« El mas fuerte »), de vengeance, (« Pasternak », « Las ratas »), convoitise (« La propuesta »), tromperie, cruauté, luxure (« Hasta que la muerte nos separe »)…

A travers ces situations, délibérément outrées, ce sont aussi les pires travers de la nature humaine qui sont exhibés. Cependant, le réalisateur se garde bien de porter un jugement moral sur ces dérapages. Avec beaucoup de légèreté, il laisse les éléments dégénérer jusqu’au point de rupture et semble s’amuser de voir la sauvagerie impunie l’emporter sur la civilisation. C’est donc une véritable catharsis qu’il nous offre, un défouloir pour nos propres pulsions.

Dans ces six sketches, de vingt minutes chacun environ, rien de trop : savamment construits, comme le seraient des nouvelles, ils comprennent une ouverture, un développement et une chute souvent grinçante, parfaitement maîtrisées. Tous très différents, leurs tonalités vont de la farce (« Pasternak ») au pseudo-tragique (« La Propuesta ») et ils suscitent en nous des émotions diverses,de la jubilation (« Bombita ») à l’écœurement (« El mas fuerte »). Ecœurement devant cette sauvagerie qui devient parfois sanguinaire : âmes sensibles, s’abstenir… Il faut être réceptif à l’humour noir et au second degré, également suggéré par une musique décalée, plutôt euphorisante, pour apprécier la violence de ces petites comédies.

A côté d’une situation extravagante (« Pasternak ») ou d’un scénario un peu éculé (la comédie de mariage qui tourne au carnage dans « Hasta que la muerte nos separe »), les sketches « El mas fuerte » et « Bombita » sont particulièrement bien vus car ils partent de faits banals du quotidien dans lesquels on peut facilement se reconnaître – les machos en voiture ou les tracasseries administratives – et poussent les réactions des protagonistes de manière extrême, jusqu’à l’absurde.

Ces « contes sauvages » (traduction littérale du titre original « Relatos Salvajes »), purement imaginaires, sont finalement une sorte de jeu ou d’expérimentation cinématographique pour le plaisir de la transgression.

Avec Ricardo Darin, Oscar Martinez, Leonard Sbaraglia – Warner Bros – 14 janvier 2015, 2h02

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