Théâtre

Le roi se meurt de Ionesco, au Théâtre Hébertot

roi Monstre sacré sur les planches du Théâtre Hébertot. Saisissez votre chance, Michel Bouquet est majestueux dans cette pièce pleine de vie!

Du haut de ses 88 ans, Michel Bouquet endosse Béranger Ier comme au premier soir. Ce monarque attachant, lui sied comme un gant. Au point de lui valoir en 2005 le Molière du meilleur acteur. L’acteur reste convaincant depuis 20 ans au jeu des derniers instants de vie du roi. Avec charisme et malice.

Tantôt admiré, tantôt méprisé, les mille facettes du personnage intriguent. Gourmand de la vie, amoureux, précurseur mais jugé aussi ingrat, égoïste, il s’accroche à son pouvoir de fin de règne. On trouve à ses côtés l’acariâtre reine Marguerite, Juliette Carré et la charmante Reine Marie, Nathalie Bigorre. L’une incarne la raison d’Etat, l’autre la voix de l’amour. Michel Bouquet et sa femme à la ville, Juliette Carré ont l’âge de leur rôle. Mais autant la voix du roi porte autant celle de sa femme est souvent voilée.

La pièce compte de grands moments de grâce comme cet échange entre Juliette, la femme de chambre et le roi. Véritable ode à la vie : « féerie et fête continuelle » ou calvaire selon qu’elle soit vécue ou subie. L’émotion palpable de Michel Bouquet dans ces mots « Je n’ai pas eu le temps », « Ne me laissez pas mourir, je vous en prie », « Je meurs, que tout meurt» attendrit. La mise en scène de Georges Werler sert le texte dans l’ensemble excepté la fin confuse. Les costumes du roi : tenue d’apparat et chaussons rouges et la robe de mariée blanc immaculé de la reine Marie attirent l’œil. On salue le talent de la costumière Pascale Bordet.

Le public de toutes générations a pu s’identifier à ce roi peu prévoyant, ayant vécu au jour le jour. Avec un appétit et une curiosité insatiable, il continue de sourire à la vie et de s’en émerveiller. Il interroge la conscience de chaque spectateur : Autorise-t-on ceux qu’on aime à des instants de faiblesse ? Qui n’aurait pas, au crépuscule de sa vie envie de la recommencer? Que laisse-t-on derrière soi ?

Écrite en 1962, cette pièce de Ionesco trouve toujours un écho particulier dans l’actualité politique au vu de certains dirigeants bien accrochés à leur pouvoir. On en sort avec une irrésistible envie de croquer la vie.

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