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Le Lieu Perdu

Le lieu perdu, premier roman tendu et hypnotique de Norma Huidrobo, enferme le lecteur dans un village du nord de l’Argentine à l’époque de la dictature.

Villa del Carmen a toujours été de ces bourgades pauvres du nord de l’Argentine que ses habitants désertent pour aller trouver du travail à Buenos Aires. Au milieu des années 70, Marita se sent bien seule de son âge dans les petites rues poussiéreuses et brûlante de son village. Elle n’a pas trente ans, tient une petite auberge où quelques habitués viennent se rafraîchir et elle échange une correspondance régulière avec Matilde, sa meilleure amie, partie quelques années plus tôt tenter sa chance dans la capitale.

Mais en ces temps troublés de dictature, l’arrivée de Ferroni, un homme à la solde des militaires, et sa quête de renseignements sur Matilde fait planer sur Villa del Carmen et sur Marita une menace sourde, plus étouffante encore que la chaleur accablante et la poussière épaisse. Sa seule piste : une lettre de Marita retrouvée chez Matilde qui s’avère être la compagne d’un « élément subversif ». Ferroni a en tête de récupérer la correspondance reçue par Marita en espérant y trouver des éléments lui permettant de retrouver la piste du couple en fuite. Marita refuse. Jour après jour, la tension monte…

Premier roman d’une auteure plus familière de la littérature jeunesse, Le lieu perdu plonge d’emblée le lecteur dans une atmosphère languide et oppressante, huis-clos à ciel ouvert mettant aux prises quelques femmes déterminées et un tortionnaire bien décidé à mener à bien sa mission.

Si l’issue fatale de ce duel au soleil semble inéluctable dès les premières pages, les personnages sont beaucoup moins monolithiques qu’il n’y paraît au premier abord. La vie et les rencontres de Matilde à Buenos Aires, l’absence de vie sentimentale de Marita à Villa del Carmen, la chaleur et l’ennui qui font remonter à la surface les souvenirs enfouis de Ferroni, la détermination farouche de la vieille Natividad… sont autant d’éléments « perturbateurs » qui contribuent à l’intensité du drame qui se joue sous nos yeux.

Le lieu perdu, remarqué par les plus grands auteurs latino-américains, a reçu le prix Clarin en 2007.

218 pages – Liana Levi

Joël Fompérie

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