Cinéma

Le Hobbit: La Bataille des Cinq Armées

Rappel des épisodes précédents: des nains poilus veulent récupérer un trésor gardé par un dragon bavard et demande de l’aide à un magicien au chapeau pointu turlututu et un hobbit aux pieds lui aussi pourvus d’une pilosité imposante. Le Hobbit est un livre pour enfant: Peter Jackson a voulu en faire une trilogie épique. Il était temps que ça s’arrête.

Car mine de rien, cela fait une quinzaine d’années que le réalisateur de Brain Dead filme dans sa Nouvelle Zélande natale des combats entre des elfes qui pourraient danser comme des stars, des orques qui pourraient concurrencer les Ch’tis ou les Marseillais à Malibu et des être humains aveuglés par la puissance de l’anneau comme nos politiciens d’une place au gouvernement.

En 1999, Le Seigneur des Anneaux émerveillait par sa vivacité. Pour cette dernière Bataille sur la Terre du Milieu, tout cela semble un peu terne et réchauffé. Jackson d’ailleurs ne développe plus ses personnages à part Thorin, le chef des nains, qui se prend pour Charlize Theron dans la pub pour J’adore. Il ne filme plus les plaines et les montagnes comme un forcené d’office du tourisme de son pays.

Ce dernier Hobbit surprend même par son format théâtral, finalement séduisant: unité de temps et de lieu. Au bout de cinq films, tout est réduit à l’essentiel: une bonne grosse baston générale dans une cours de récré géante en dessous de la Montagne Solitaire. Il a une armée d’elfes blonds qui aident les survivants de Bourg du Lac à bouger les Nains mal dégrossis qui vont devoir s’unir avec leurs ennemis pour bouter deux armées de gros crades baveux et sanguinaires qui veulent casser du gentil.

Le manichéisme est poussé à l’extrême. La folie des grandeurs de Thorin permet de filmer la schizophrénie qui rongeait Gollum ou Frodon dans l’autre trilogie adaptée de Tolkien. Mais bon, on n’est pas là pour faire du Shakespeare: c’est un vrai film de guerre. Donc cela se rentre dedans avec élan et glaives pointus. Venu du cinéma Gore, Peter Jackson est un peu chiche en détails sanguinolents mais il réussit tout de même une scène de bombardements avec le dragon Smaug, un Fort Alamo avec la bataille finale et les DouzeSalopards avec une tripotée de Nains. Fortiche le gars!

Cependant calmons nos ardeurs: ca sent le déjà vu et la redite. Quelques scènes sont bien kitsch. La musique sauve souvent le film des lourdeurs inexcusables et des facilités scénaristiques. Howard Shore parvient à une épopée orchestrale magnifique et digne des grandes partitions du cinéma. Son boulot sur les six films est remarquable et fait le lien sentimental entre les différents chapitres mais aussi le spectateur. Ecrite par un autre, le film aurait été purement indigeste.

Loin d’être désagréable, ce dernier volet conclut une longue saga qui s’arrête quand il faut. Jackson et son équipe de valeureux techniciens ont relevé le défi. Les héros sont fatigués. Ils peuvent se reposer. Et penser à nous faire rêver avec (enfin) de nouveaux univers et de nouveaux récits. Promis on gardera un bon souvenir de cette trilogie!

Avec Martin Freeman, Orlando Bloom, Richard Armitage et Evangeline Lilly – Warner Bros – 10 décembre 2014 – 2h20

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