Art-scène, Exposition

Le Douanier Rousseau, L’innocence archaïque, Musée Orsay

rousseau
Nul besoin que l’on guide mon regard comme un petit enfant par la main
On ne m’autorise pas mon regard
Cette insistance actuelle à mettre côte à côte l’Œuvre et d’autres, d’autres artistes, d’autres époques
Mon regard est libre puissant fertile
Les œillères de la Culture de la Communication du Commissaire d’exposition – CCC – le gênent, le rendent fou
Regarde. Le Douanier a copié telle œuvre
Regarde ! Le Douanier a inspiré telle autre
Regarde ! Une œuvre du Douanier coincée entre deux que l’on tire du côté Rousseau pour faire coïncider pour rassurer pour une petite cuisine ridicule. Regarde !

Je regarde, bien obligée, si j’arrache des cimaises ce qui perturbe mon union au Douanier je gage que je n’aurai pas le temps de terminer mon voyage
Je regarde et mon regard ne voit que le Douanier Rousseau
que les perturbations soient contemporaines / anciennes / classiques / d’avant-garde
je ne vois que lui sans époque sans explication sans raisonnement sans référence
Lui l’étrange étranger le différent le grand le pur l’imperturbable le nouveau-né l’incompréhensible l’entier

Il ne plaît pas, n’a pas plu à son époque, moqué ridiculisé il n’est pas dans l’air du temps il ne respire pas le même air il n’est pas élégant facile léger, il est obscur dense singulier toujours aujourd’hui il tranche il est différent son langage ses couleurs ses formes son instinct

Lettre à Ambroise Vollard, juin 1910
« Cher Ami,
Je donne avant les vacances une fête familiale artistique littéraire musicale (…) »

Il m’entraîne dans sa fête familiale artistique littéraire musicale, il m’isole il est l’isolé, l’isola, l’île sur laquelle s’échouent toutes interprétations.

Le ballet silencieux et flou du public devant la guerre la jungle la muse, des aplats nets des narrations denses des étranges vifs saillants des ciels bleus des corps masses des fleurs hautes des regards droits des exotismes clos des tueries figées des faims transformées des paradis inconnus

Je m’assois avec mes deux yeux mon regard seul dans la dernière pièce celle des jungles de ton atelier
à force de temps de silence d’immobilité, les bêtes commencent à rôder les plantes à frémir les singes à crier la terre à suer les femmes à se dénuder les sexes à se dresser
Mon regard se déshabille je me déshabille enjambe le bord de ta palette et vous rejoins.

 

Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque.

22 mars – 17 juillet 2016

Musée d’Orsay

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