Théâtre

L’Avare au Théâtre Dejazet

A-AvareJacques Weber incarne un Harpagon bougon mais bien contemporain dans une version un peu polar.

Le si célèbre Avare de Molière vient chatouiller notre rapport à l’argent. Son personnage emblématique l’idolâtre. Il veut posséder, accaparer, avoir. Sans même profiter de ce qu’il garde caché, il s’enferme dans une prison qui l’éloigne de ses enfants. Son obsession dépose le poison sournois de la rivalité, de la paranoïa dans ses relations. Assoiffé d’argent, il n’a cure que de gagner plus.

Dans le bel âge de jouir de la vie, Elise, sa fille et Valère sont habités de la douce violence de l’amour. En noir et blanc, ils donnent un air malicieux à leur relation. L’un cherchant à gagner la sympathie du père pour obtenir la main de la fille.

La langue de Molière claque avec un éclat particulier dans la bouche du fils, Cléante. Lui qui bâtit son avenir à la poursuite de deux buts : s’affranchir de l’autorité de son père et vivre son amour au grand jour. « Je sais que je dépends d’un père, et que le nom de fils me soumet à ses volontés ; que nous ne devons point engager notre foi, sans le consentement de ceux dont nous tenons le jour ; que le Ciel les a faits les maîtres de nos vœux, et qu’il nous est enjoint de n’en disposer que par leur conduite, que n’étant prévenus d’aucune folle ardeur, ils sont en état de se tromper bien moins que nous, et de voir beaucoup mieux ce qui nous est propre ; qu’il en faut plutôt croire les lumières de leur prudence, que l’aveuglement de notre passion ».

Le jeu de rôle et la mise en scène de Jean-Louis Martinelli relèvent l’art du quiproquo de Molière avec une nouveauté : un esprit Sherlock Holmes, détective privé.

On déplore des longueurs. Un décor trop austère. Certaines libertés poussives prises quant à l’esprit de Molière. Mais viennent certaines scènes irrésistibles, des pointes d’humour bien amenées dans le jeu et voilà le tout rehaussé. La version n’est pas mémorable mais la prestance de Weber lui confère une certaine autorité. Tout avare qu’il est, il nous rejoint dans ce que l’on garde sans profiter.

 jusqu’au 02 janvier 2016

Au Théâtre Dejazet

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