Art-scène, Théâtre

La pecora nera, Ascanio CELESTINI

article_2945Le 29 juin , à l’intérieur du mois de programmation consacré à la production théâtrale italienne, était en scène au Théâtre de la Ville le comédien Ascanio Celestini avec son monologue La Pecora Nera (La brebis galeuse).

 
Les spectacles d’Ascanio Celestini (connu principalement en Italie pour ses monologues comiques et provocateurs à la télé en fin de soirée, dans les émissions humoristiques de Serena Dandini) sont populaires et appréciés grâce au mélange toujours magistralement dosé d’histoire, de critique sociale et de fiction poétique, d’ironie et de douceur humaine.

Ses créations théâtrales, comme par exemple La Fabbrica (voir précédente critique de l’adaptation française mise en scène au Théâtre des Abbesses cet hiver), traversent des décennies cruciales du passé récent de l’Italie, font surgir avec force des figures de personnages fictionnels mais emblématiques, incroyablement touchants et riches, et frappent pour par  leur acuité, la profondeur des analyses sociales sous-jacentes, pour et l’humorisme toujours présent.

Avec La Pecora Nera, Celestini part des mêmes présupposés : cette fois il s’agit de raconter les asiles psychiatriques des années 60 essentiellement à travers le point de vue de Nicola qui y a passé 35 ans de sa vie. Le récit est décousu, fantaisiste, riche de digressions. Et pourtant, dans La Pecora Nera, le monologue de Celestini, tandis que toujours intense et éclatant dans les spectacles précédents,  donne une impression de pauvreté de contenu, d’idées qui tournent en rond et qui peinent à prendre leur envol : les mêmes plaisanteries salaces faciles reviennent un peu trop souvent, la répétition assidue de certaines expressions a un air de faiblesse, de manque de rythme signifiant. Plus généralement, quelque chose ne marche pas au niveau poétique : le spectacle manque d’efficacité, de force, de brillance.

La critique anticléricale ininterrompue et la comparaison de l’asile psychiatrique avec le supermarché pourraient être très intéressantes, mais s’insèrent mal à l’intérieur de la construction du monologue

Restent la beauté inoubliable du témoignage, également en audio, de Nicola et la force de sa réflexion sur l’univers des asiles psychiatriques, de l’imperméabilité dans laquelle ils sont enveloppés : “Come è possibile stare dentro e non uscire fuori, come è possibile stare fuori e non sapere cosa succede dentro?” (“Comment est-il possible d’être à l’intérieur et de ne pas en sortir, comment est-il possible d’être dehors et de ne pas savoir ce qui se passe à l’intérieur ?”)

 

 

 

Gloria Morano

© Etat-critique.com – 03/07/2010

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