Art-scène, Théâtre

King Kong Théorie, Virgine Despentes, Emmanuelle Jacquemard, Déchargeurs

(c) Pauline Bernard
(c) Pauline Bernard

Témoignages de femmes qui, malgré les épreuves, ne peuvent s’empêcher d’espérer une société où elles auraient enfin le droit d’être elles-mêmes, en toute liberté, sans aucune oppression.

Un tableau unique, un décor simple de salon de beauté. Au début, caricatures de femmes dont l’unique préoccupation serait de s’entretenir, de s’épiler de se muscler, leur vrai nature transparaît progressivement et le moins qu’on puisse dire est qu’elle est contrastante: sincères, brutes, insoumises, ces femmes ne sont absolument pas détendues comme sortant d’un spa, elles sont remontées, choquées, révoltées face aux agressions et aux campagnes de soumission dont elles sont victimes.

Par alternance, les comédiennes se passent la parole comme on transmet un relai ou une bouée de sauvetage. Elles sont unes et plurielles, protéiformes, complexes. Dures mais solidaires. Provocantes mais compatissantes. Comme si elles retiraient de leurs expériences, un devoir de s’entraider, entre femmes, à s’endurcir pour affronter un monde extérieur parfois si dévastateur.

Rien de simpliste ni de caricatural, au contraire, les difficultés et les contradictions sont humblement admises et la discussion tellement poussée qu’on en arrive presque à regretter qu’aucune confrontation avec des points de vue masculins ne vienne l’enrichir.

Femmes déjà écorchées, ou effrayées de le devenir à leur tour, femmes enragées, détruites, en reconstruction, guerrières en conquête du droit de se comporter comme elles le sentent, de définir seules leur féminité. Même si le sujet est grave l’humour est omniprésent, dans le texte autant que dans le jeu. Espiègles, elles rient des hommes autant que d’elles-mêmes et des stéréotypes associés à la féminité.

“Il s’agit bien de tout foutre en l’air”.

Un résultat musclé, poignant et prometteur.

Jusqu’au 6 février au Théâtre des Déchargeurs

Adaptation & mise en scène Emmanuelle Jacquemard

Avec Marie-Julie Chalu, Célia Cordani, Ludivine Delahayes, Anissa Kaki, Lauréline Romuald

Collaboration artistique May Roger

Scénographie Pauline Bernard

Lumières Fiber Dumortier & Estelle Jalinie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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