Cinéma

Ce qui nous lie

Pas de gueule de bois dans le nouveau film de Cedric Klapisch! Un bon cru en forme de chronique douce amère et agricole sur la famille, la nature et la complicité!

Le travail des hommes, le fils prodigue… Cedric Klapisch est il devenu une grenouille de bénitier? Depuis quelques temps, on ne reconnaissait pas l’auteur du Péril Jeune et L’Auberge Espagnole. Depuis les années 2000 en réalité, c’est un peu la débandade pour ce cinéaste attachant.

Il a recyclé la formule de L’Auberge Espagnole à deux reprises, il a raté un polar (Ni pour Ni contre) , il tenté le film social sans succès (Ma part du Gateau) et fait un drame un peu trop stylé pour être honnête (Paris). A la télé, sa série sur le cinéma, 10 % a relancé dernièrement l’intérêt pour cet artisan qui aime les gens et tente de faire du cinéma et pas des téléfilms comiques pour grand écran. C’est déjà ça!

Avec sa saga viticole, on avait de quoi avoir très peur: il est capable d’un sentimentalisme un peu écoeurant et tout se prête à cela dans Ce qui nous lie. Le fils prodigue se nomme donc Jean. Après un exil de dix ans au bout du monde, il revient au domaine familial après le coma de son père. Il retrouve sa soeur, Juliette, à la tête de la propriété et son frère, Jérémie, jeune papa un peu largué dans la monde très technique du vin. Jean reste pour donner un coup de main à sa famille un peu paumée…

Ils sont tous paumés finalement. Le trio d’enfants ne sait pas quoi faire de l’héritage familial, bien lourd à porter!  Jean a une vie en Australie. Juliette ne sait pas quoi faire de son talent. Jérémie aimerait juste s’assumer comme adulte! Autour d’eux, il y a des ouvriers bienveillants et quelques concurrents qui rachéteraient bien quelques parcelles prestigieuses.

Car tout se passe entre Pommard et Meursault! Le décor devrait plaire pour les ventes à l’internationale. Tout comme le charme du trio de comédiens, absolument irrésisitibles, beaux et complices comme il faut. On rentre dans cette famille avec une facilité déconcertante. Malgré les appréhensions. Mais l’ensemble a finalement de la tenue.

Klapisch n’évite pas les clichés. Il les assume. Ca ne l’empêche pas de travailler sa formule chorale où les micro fictions servent de scénario. Il fait souvent de belles images mais son écriture est effectivement proche d’une série: c’est un peu le point faible du film. Tout comme la nostalgie de l’enfance, l’éloge de la famille, la vision romantique du travail, les scènes intimes un peu lourdes. Cependant Klapisch a cet art de réussir les castings de ses films.

Si bien que son film a un très gros défaut qui fait bien hurler les pisse froids et les cyniques: comme son réalisateur, il s’agit d’un film sympa. Un film qui parle aussi de générosité, de partage et de joies simples. Il n’y a pas d’aigreur ici. Juste une chronique sensible et champêtre qui donne l’envie de trinquer avec des amis. Si la sécheresse tombe sur le coin de la figure des agriculteurs actuellement, ce film a sûrement la force de relancer la consommation de vin… le feel good movie de la saison à consommer sans modération!

Avec Ana Girardot, Pio Marmai, Francois Civil et Jean Marc Roulot – StudioCanal – 14 juin 2017 – 1h53

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