Art-scène, Danse

BOXE BOXE – Mourad Merzouki – Quatuor Debussy- Théâtre du Rond-Point

Du ring, de la danse et des cordes…

L’œuvre est belle. Ils sont douze sur le plateau, danseurs et musiciens. Les danseurs sont ceux de la compagnie Käfig. Les musiciens sont issus du quatuor Debussy. Les compositeurs se nomment Schubert, Ravel, Verdi, Glenn Miller, Philip Glass, Mendelssohn, AS’N. Le chorégraphe, Mourad Merzouki, le scénographe, Benjamin Lebreton.

Zelliges couleur sable en filigrane sur le cyclo de fond scène, volutes en fer forgé plus ou moins cabossées, costumes noir et blanc aux tonalités burlesques plantent le décor d’un ring où tout semble possible. Orchestrés par un arbitre bedonnant et par un quatuor à cordes, les danseurs se laissent embarquer dans une variation sur la boxe qui les magnifie. Avec élégance et humour, Mourad Merzouki parvient à mêler un sport spectaculaire aux défis gravitationnels de la danse contemporaine, du hip-hop et des notes classiques.

Tout commence sur un ring, avec des gants couleur nez-de-clown, marionnettes vibrant en musique. La partition fonctionne. Le mouvement entre en action. Les gants donnent naissance à un amas de chair mouvante dont s’extraient les danseurs. Et le danseur fut. La sortie du ring pour le plateau est immédiate. Les danseurs s’élanceront alors pendant près d’une heure dans un ballet en hommage à la boxe et au corps.

La performance est physique mais également esthétique. Les ruptures de rythmes produisent des effets hypnotiques : les actions ralenties des danseurs mêlées aux lumières de Yoann Tivoli semblent sortir d’un mirage. Les danseurs fantomatiques  avancent sur nous. Le résultat est stupéfiant. Les duo, trio et ensemble s’enchaînent à un rythme effréné dans des chorégraphies qui mettent en avant contacts harmonieux en opposition avec l’image « choc » de la boxe. Les coups et les narrations sont visuelles, fondées sur l’art de l’esquive et la perception des espaces. Un unique tableau montre le boxeur en action sur un sac de frappe, comme un hommage appuyé et ces forçats de l’effort. L’ensemble n’est que plaisir pour les oreilles et les yeux . Le lyrisme est là, le temps suspendu, les corps poussés au-delà. Une poétique de la boxe d’une grande élégance à ne pas manquer.

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Drôle de lutte / Boxe Boxe par WebTV_du_Rond-Point

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