Cinéma

Batman Vs Superman, l’aube de la Justice

Not so bat! Mais pas Super non plus!

A ma gauche: Batman! Milliardaire névrosé mal remis du meurtre de ses parents. Depuis il se déguise en chauve souris pour rendre sa justice! A ma droite: Superman! Venu de la planète Krypton, orphelin, il défend les valeurs humanistes de l’Amérique et surtout la journaliste Lois Lane dont il est amoureux!

A ma gauche, un étrange dingue qui a du mal à s’insérer dans la société, qui assume mal son statut social, qui rivalise d’ingéniosités pour inventer des armes qui lui permettent d’être impitoyables avec les méchantes de tout bord. En gros, un type humain comme tout le monde! A ma droite, un demi dieu qui aspire un peu plus de simplicité dans sa vie mais qui ne peut pas à cause de ses pouvoirs et de ses responsabilités.

A ma gauche, un super héros gothique pour Tim Burton puis une version gay avec Joel Schumacher avant de devenir une icône ambigue de l’Amérique post 11 septembre pour la trilogie de Christopher Nolan. A ma droite, Christopher Reeve en slip rouge dans un premier film de Richard Donner, épatant puis gros déclin du super héros jusqu’à la reprise en main par Zack Snyder, il y a trois ans. Il le fait rentrer alors dans un monde contemporain de manière spectaculaire!

Voilà où nous en sommes cinématographiquement au moment où les deux super héros vont se rencontrer dans le même film. Réalisateur du meilleur film de super héros, The Watchmen, Zack Snyder semble être la bonne personne pour mettre en scène l’affrontement. Il a le goût de l’iconographie. Il aborde ses sujets de manière frontale et organique (300, Sucker Punch), il maîtrise tous les effets spéciaux dernier cri! C’est le boss pour jouer avec les deux stars du comics américain!

Mais il faut amener dans le même film deux univers distincts. Cela amène obligatoirement des compromis. Ce n’est jamais très bon à l’écran. Voici donc une petite liste non exhaustive des défauts de ce duel au sommet! Alfred, joué par Jeremy Irons, intervient dans le film comme un lapin sort du chapeau. Lois Lane est un accessoire scénaristique un peu fade. Dès qu’il y a une impasse dans le récit: hop on la fait intervenir! Lex Luthor se résume à un psychopathe déguisé en Mark Zuckerberg.

DC Comics, en retard par rapport à l’invasion cinématographique de Marvel, doit se dépêcher et introduit une Wonder Woman totalement insipide et tente maladroitement de préparer le terrain pour d’autres héros de la compagnie. Mais cela coupe un peu la tension du combat entre les deux personnages principaux.

Le ton sérieux est un peu trop étouffant. Depuis le Batman Begins de Christopher Nolan, le réalisme a bouffé le brin de fantaisie et de rêve des bandes dessinées. La musique est complètement à coté de la plaque alors que les films précédents des deux héros sont légendaires. Métropolis est beaucoup plus montré que Gotham City. C’est dommage car Superman juge le boulot de Batman néfaste pour la ville alors qu’on ne la voit que très peu.

Finalement le gros souci du film, c’est Batman et tous ses gadgets. Ça prend de la place. Il faut donc réinstaller le personnage dans l’univers de Superman. Massif et convaincant, Ben Affleck (qui a goûté à la créatine ou l’EPO) en impose dans le rôle de Batman. Pour une fois, le Dark Knight est vraiment dark. Snyder joue sur le coté obscur du personnage, rappelant les meilleurs bédés du personnage, dessiné par Frank Miller. Mais cela se fait détriment un vrai scénario. Ici, il tient sur quelques rebondissements de téléfilms et des climax pas très exaltants.

Le plus intéressant, c’est l’envie contemporaine du réalisateur de mettre les deux super héros en face d’un réalité qui ressemble beaucoup à nos actualités. La peur est partout. C’est assez troublant et cela maintient réellement l’intérêt de ce spectacle long et néanmoins impressionnant.

Trop ambitieux, assez frustrant, ce film est boursouflé, mais capables de très jolies scènes, aidé par un aspect graphique assez plaisant, mais il annonce surtout une nouvelle fournée à venir de super héros, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle. On va vite se lasser. De l’aube, on passerait bientôt au crépuscule des super héros…

Avec Ben Affleck, Henry Cavill, Jesse Eisenberg et Amy Adams – Warner Bros – 23 mars 2016 – 2h30

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