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La Brocante Nakano

Aujourd’hui, au Japon, une jeune fille travaille dans une brocante. Elle y vit une relation difficile avec un jeune homme. Et le lecteur redécouvre combien les romans d’apprentissage peuvent être enchanteurs.

Certains romans ont la grâce. Ils vous rappellent que la délicatesse peut faire bon ménage avec la profondeur. Ils ont le bon goût de ne pas jeter de sel sur des plaies déjà à vif.

Ce qui est formidable dans La brocante Nakano, est l’apparente banalité de l’histoire qui nous est contée. Et la manière dont l’étude d’un microcosme finit par déboucher sur une perception du monde d’une très douce acuité.

Hitomi est une jeune femme qui travaille à la brocante Nakano, dont le nom est celui du propriétaire, Monsieur Nakano, un homme d’une cinquantaine d’années, aux phrases confuses et à l’appétit prononcé pour les femmes. Ses nombreux « rendez-vous à la banque » sont autant de 5 à 7. Pour aider Monsieur Nakano, il y a Takeo, un jeune homme effacé, qui est solitaire et amoureux d’Hitomi. Ajoutons Masayo, la sœur de Nakano qui fait des expositions de poupées et dont la vie sentimantale tourmente son frère. Et réciproquement.

La brocante est une affaire qui marche bien parce qu’elle expose des objets datant d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années qui permettent aux Japonais de ressentir une certaine nostalgie pour un passé qui leur échappe. De plus, Nakano s’initie à la vente sur enchères par le biais d’Internet. Tout est donc plutôt florissant.

Mais il faut compter sur les peines de cœur, les désarrois affectifs, tout ce qui sépare les êtres, les grains de sable qui enrayent les machines les plus fiables.

Kawakami Hiromi nous dépeint un Japon où le travail est aussi difficile à trouver et à garder qu’en France, ce qui ira contre nos préjugés gaulois. Elle adopte un style où, pour paraphraser Verlaine, rien ne pèse ni ne pose.

L’auteur de ces lignes a lu ce roman alors que la campagne électorale française bat son plein. Il a trouvé fort agréable de changer de société. Cela ne veut pas dire qu’on change de problèmes, mais on change forcément de point de vue.

Voilà donc un tableau attachant d’une communauté de fortune où les êtres frêles se frôlent et où fuient les frissons.

Picquier – 291 pages

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